Wade aura son aéroport

Publié le 21 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Que de chemin parcouru depuis ce jour de l’année 1995 où Wade a lancé ce qui sera sa vision des grands projets de développement au Sénégal. De tout le dispositif, l’aéroport était l’instrument par lequel devaient arriver les grandes innovations. Le nouvel aéroport a eu comme sites tests Keur Massar dans un premier temps, Yène par la suite, avant de finir, quand Wade est élu président, à Diass. Pour le gouvernement socialiste, dont une partie s’opposait au projet, cet aéroport ne se justifiait pas. L’aéroport de Dakar pouvait bien être rénové. Tanor Dieng, alors premier secrétaire du PS, qualifiait tous les projets de Wade, lors de la campagne électorale de novembre 1996, d’éléphants blancs. Alors que Pape Ousmane Sakho, à l’époque ministre de l’Économie et des Finances, contestait, pour sa part, la manière dont devait se faire le financement.
Malgré tout ce brouhaha, Wade, qui disait avoir le soutien du président Abdou Diouf et de quelques ministres socialistes, tenait toujours à son projet d’aéroport. Parti du gouvernement avant les élections législatives de 1998, l’homme a gardé son projet quelque part dans un tiroir chez lui. N’en déplaise à ses détracteurs qui disaient qu’aucune étude sismique, de préfaisabilité et de faisabilité n’avait été faite au départ.
Quand il devient président de la République, le 19 mars 2000, l’homme n’a qu’une seule idée en tête : réactualiser ses projets. Il veut un aéroport. Keur Massar et Yène, qui étaient sur le chemin de l’autoroute à péage sur l’axe Dakar-Thiès, ne sont plus d’actualité. Ce sera Diass, sur le chemin de Mbour et à quelques encablures du Plateau de Thiès. Mbour-Thiès-Dakar, voilà le nouveau triangle des innovations à venir avec, au centre du dispositif, le complexe aéroportuaire de Diass.
Dès l’année 2001, les panneaux sont placés sur la route. Et la construction de Diass démarre par l’aménagement des terrains, les terrassements et la construction du mur de protection. Commencés en fanfare, les travaux vont s’arrêter pendant une bonne partie de l’année 2002. Sans doute faute d’argent. Mais Wade vend le projet à chacune de ses missions à l’étranger.
Il y a sept ans, en 1995, les initiateurs du projet parlaient de financer le nouvel aéroport grâce à la vente des terrains du domaine du site de Yoff. Le coût de l’opération était évalué à environ 600 milliards de F CFA. À la date du 8 janvier, le nouveau pactole à tirer de cette opération aurait été estimé à plus de 1 000 milliards de F CFA. Cette question résolue, une autre surgit. Le sort qui sera réservé à l’actuel aéroport de Yoff. L’option qui a été préconisée par les concepteurs du projet, dont l’architecte Pierre Goudiaby, conseiller de Wade, dès les débuts, était de faire du site un grand centre d’affaires, à côté de la Foire, avec des marchés, banques, commerces et bureaux. Une ville dans la ville. Le site est intéressant, et l’État qui cherche de l’argent renflouerait sans doute ses caisses avec cette manne bénite.

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