Violences conjugales à Bordj Bou-Arréridj

Publié le 21 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Des femmes, toutes tendances et catégories socioprofessionnelles confondues, et de tous niveaux d’instruction : professeurs d’université, médecins, pharmaciennes, enseignantes, avocates, infirmières, ouvrières… connaissent des violences physiques, morales ou verbales émanant de leur époux et continuent, à ce jour, à subir les pires humiliations. Cette situation malheureuse, et qui prend de l’ampleur, dessine une sorte de cartographie où figure « un terrorisme relationnel » de type conjugal, qui se joue quotidiennement autour des tables familiales, dans les lits conjugaux. Aux lieu et place d’implications affectives et de relations de respect et d’affection partagée se substitue la surdétermination de l’image machiste de l’époux idéal, de l’homme qui focalise sur lui l’imaginaire trouble et sexiste d’une société encore engluée dans des structures archaïques, un espace conjugal où se mêlent la répression, la domination, l’étouffement, l’écrasement, l’emprisonnement et la tyrannie.

Une femme (B.S.), 40 ans, mariée, deux enfants, études universitaires, issue d’une famille de gens lettrés, raconte avoir été maltraitée physiquement par son époux alors qu’elle était enceinte de sept mois, ce qui lui a valu une hospitalisation de plusieurs jours. Son époux, dira-t-elle, continue à la martyriser et à l’humilier à ce jour. Le seul moyen pour se défendre, c’est l’exil intérieur : elle prend quotidiennement du Tranxène. Elle soutient le fait qu’elle ne peut quitter son mari, car elle a des enfants qu’elle refuse de voir souffrir pour cause de divorce. Elle a fini par accepter la « loi du bâillon » au profit de son tortionnaire d’époux : ce dernier lui a imposé un régime de servilité et une fonction de femelle.

la suite après cette publicité

Une autre femme (A.N., 41 ans), médecin de formation, cinq enfants, dira quant à elle : « La violence que je subis ne se limite pas aux coups et aux violences sexuelles. Elle se présente sous différentes formes : tortures morales, menaces… Toutes ces formes d’humiliation confondues m’ont mise dans une situation de souffrances physiques interminables, qui m’ont conduite à un état de stress permanent dont le processus final est la prise quotidienne d’antidépresseurs. » Sur un autre registre, la violence masculine se rencontre dans les couples où la femme est en situation de dépendance et ne peut aisément abandonner le foyer conjugal : quand elle est enceinte ou qu’elle ne travaille pas. Une autre forme de violence contre les femmes s’exerce dans les institutions de formation, écoles, lycées, universités ou dans le monde professionnel, où existe une relation de pouvoir, appelée juridiquement le harcèlement sexuel et dont la réalité est presque totalement étouffée ou voilée par la force du tabou ou la loi du silence.
La situation de ces femmes en difficulté et livrées le plus souvent à elles-mêmes reste navrante et humainement « inacceptable ». C’est pourquoi les autorités locales doivent doter les hôpitaux de structures d’accueil, d’écoute et de prise en charge sur le plan psychologique. Ces femmes battues, harcelées et en détresse ne doivent pas être traitées comme objets de pouvoir, mais comme sujets de droit.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires