Sharon, Hamas, même combat

Publié le 21 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

En 2002, près de 1 500 personnes ont trouvé la mort en Israël et dans les Territoires occupés dans des attentats suicide ou des opérations de représailles israéliennes. La terreur et la mort ont profité aux extrémistes. En Israël, elles ont forgé la popularité du Premier ministre Ariel Sharon. Dans les Territoires, Abdelaziz Rantisi, le très radical leader du groupe islamiste Hamas, est devenu le symbole de la résistance à Sharon. Sur 423 Israéliens tués en 2002, 169 sont morts dans des attaques du Hamas – le plus souvent des attentats suicide. Les Palestiniens déplorent, de leur côté, 1 034 morts parmi lesquels quelques combattants et bombes humaines, mais aussi beaucoup de civils innocents. Sharon, 74 ans, est arrivé au pouvoir, il y a presque deux ans, en promettant « la paix et la sécurité ». Les Israéliens n’ont obtenu ni l’une ni l’autre. Sharon a envoyé des tanks occuper les villes palestiniennes tandis que le Hamas n’a eu de cesse de frapper soldats et civils israéliens. Pourtant, le Premier ministre continue de caracoler en tête des sondages, et son parti, le Likoud, est presque assuré de remporter les élections du 28 janvier. Il est considéré par ses concitoyens comme un dirigeant responsable qui a su faire preuve de fermeté à l’égard des Palestiniens. Et, à l’heure où les espoirs d’un accord de paix ont été ruinés, comme le dirigeant le plus à même de leur faire traverser la guerre.

Les Palestiniens ont de lui une tout autre image. Rantisi, un Gazaoui de 55 ans, a baptisé Sharon « ennemi de l’humanité ». Ce dernier est à coup sûr un ennemi pour des hommes tels que Rantisi. En 2002, il a fait éliminer au moins douze des principaux chefs du Hamas, même si Rantisi a été – pour le moment – épargné. Médecin vivant non loin de Cheikh Radwan, un bastion du Hamas, Rantisi a passé des années dans les geôles israéliennes et palestiniennes parce qu’il rejetait le processus de paix. Avec l’Intifada, son intransigeance a renforcé sa popularité auprès de Palestiniens de plus en plus nombreux à rejeter les accords signés avec Israël par Arafat.
Au sein du Hamas, Rantisi a aussi gagné de l’influence à mesure que ses rivaux étaient arrêtés ou éliminés. Lorsqu’il s’exprime en public, il fait référence au Coran, mais sa rhétorique reste plus concrète que celle des autres leaders religieux palestiniens. Il évoque quelquefois les batailles entre Sarrasins et croisés, et condamne à l’envi la politique israélienne. Aussi prend-il ses précautions et n’assiste-t-il jamais sans ses gardes du corps aux funérailles d’un autre activiste du Hamas, ou à un meeting politique.
L’influence croissante de l’organisation islamiste en Cisjordanie et à Gaza s’inscrit, selon Rantisi, dans une tendance mondiale, ce qui fait de lui un adversaire de Sharon, mais aussi du gouvernement américain et de l’Occident. Pour lui, « l’année 2002 a été bénéfique aux groupes islamistes » et « ce siècle sera celui de l’islam ». Avec pareille prophétie, l’ère de l’extrémisme n’est, de toute évidence, pas près d’être révolue.

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