Sakiet, le symbole menacé

Publié le 21 janvier 2003 Lecture : 1 minute.

Chaque 8 février depuis l’indépendance de l’Algérie, de hauts responsables gouvernementaux d’Algérie et de Tunisie se retrouvent à Sakiet Sidi Youssef, un village tunisien proche de la frontière, devenu en quarante ans le symbole de l’amitié entre les deux pays. Là, ils célèbrent ensemble la mémoire de ses habitants, tunisiens et algériens, tués lors du bombardement par l’aviation coloniale française en 1958. À l’époque, la Tunisie servait de base arrière à la rébellion algérienne en lutte pour l’indépendance.
C’est pourquoi les deux gouvernements ont tout naturellement choisi Sakiet, dans le gouvernorat du Kef, comme l’un des principaux sites de leurs projets économiques, issus du traité de « fraternité et de concorde » et d’un accord de coopération industrielle signés le 19 mars 1983. Ils y ont installé la Sakmo, dont l’usine commune de fabrication de moteurs thermiques est entrée en exploitation en 1988. Celle-ci est devenue un complexe qui comprend le siège social, un effectif de 142 employés permanents, un hôtel ainsi que 26 logements pour les cadres, et représente aujourd’hui plus de 95 % de l’économie du village. Mais l’objectif de production de 25 000 moteurs par an, dont 70 % devaient être absorbés par l’Algérie et 30 % par la Tunisie, n’a jamais été atteint en raison de la concurrence, surtout sur le marché algérien. L’usine sort actuellement 4 000 moteurs entre 6 et 30 chevaux sous licence du constructeur italien Lambardini, dont une partie est exportée vers l’Irak. Un appel d’offres pour sa privatisation a été lancé qui prévoit la cession des actifs en un seul lot. L’éventuel acquéreur devra aussi s’engager à assurer la continuité de l’activité industrielle, de son développement et de sa diversification. Mais les candidats ne sont pas légion, à moins que Lambardini ne décide de reprendre l’affaire. Toujours est-il que les employés et les habitants de Sakiet attendent avec angoisse le 15 février, dernier délai pour la remise des offres. Si aucun repreneur ne se présentait, la société serait purement et simplement liquidée. Et Sakiet, le village symbole, en souffrirait.

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