Royaume-Uni : le « caniche des Américains »

Publié le 21 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Tout se passe comme si la Grande-Bretagne n’avait d’autre politique au Moyen-Orient (et ailleurs) que de s’accrocher aux basques des États-Unis et de démontrer que ces derniers ne sont pas enfermés dans un isolement plus ou moins splendide. Les Américains, et bien d’autres étrangers, sont souvent surpris de cet empressement à suivre les États-Unis comme un caniche, qu’il s’agisse des résolutions de l’ONU ou du bombardement de l’Irak. De leur côté, les Britanniques s’agacent quand les autres ne s’aperçoivent pas du rôle qu’ils ont joué.

Pour des raisons historiques, les intérêts de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient, en Israël et dans le monde arabe sont différents de ceux des États-Unis. Le rôle qu’elle a joué dans la recomposition de la géographie de la région après l’éclatement de l’Empire ottoman (installation des Hachémites sur les trônes de Jordanie et d’Irak, industrie pétrolière) devrait justifier la mise en place d’une politique qui lui soit propre et qu’on pourrait qualifier de passéiste. Pourquoi, dans ces conditions, Londres se tourne-t-il vers Washington au lieu de penser à son avenir européen et de contribuer à défendre une politique européenne commune ?
Le solo de la Grande-Bretagne a pour résultat essentiel de réduire un peu plus son influence en Europe et l’empêche de toucher les dividendes politiques de sa présence militaire dans le Golfe. Si au moins elle en tirait de grands avantages, cette attitude pourrait se comprendre, mais ce n’est même pas le cas. Pendant la guerre des Malouines, Washington a sans doute apporté à Londres une aide diplomatique non négligeable, mais l’administration Clinton, pour des raisons politiques compréhensibles, ne s’est pas montrée particulièrement coopérative sur un problème très sensible : l’Irlande du Nord.

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La servilité britannique ne peut s’expliquer par les liens personnels qui unissaient le Premier ministre Tony Blair et le président Bill Clinton – et encore moins par le soutien que le second aurait apporté au premier. Elle est bien trop profondément enracinée pour cela. Est-ce parce qu’ils parlent la même langue et qu’ils ont en commun certaines institutions et certaines conceptions économiques et politiques ? Toujours est-il que les Britanniques sont instinctivement convaincus que les États-Unis ont toujours raison.
Au fond, la raison profonde du comportement britannique n’a peut-être rien de très admirable. Après avoir perdu son empire, la Grande-Bretagne n’a pas été capable de s’entendre avec l’Europe. Conservateurs ou travaillistes, tous ses gouvernements se sont refusés à participer à l’intégration européenne. Au lieu de quoi ils ont cherché une consolation dans les illusions du Commonwealth et ont tenter de se maintenir sur la scène mondiale en s’associant étroitement à la suprématie américaine.

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