Palmarès de la croissance pour 2003
Les trois économies les plus performantes cette année, selon les prévisions parues dans le journal britannique The Economist(*), seront africaines… Pour un continent en proie aux conflits et aux guerres civiles, c’est une bonne nouvelle, qui démontre qu’il ne faut pas généraliser et surtout pas désespérer de l’Afrique. Les trois leaders de la croissance mondiale seront : la Guinée équatoriale, avec une augmentation de 12,5 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2003, le Tchad (10 %) et le Mozambique (9,5 %). Le pétrole explique les deux premiers cas. Quant au Mozambique, il est, depuis dix ans, sur la voie du redressement post-guerre civile (avec une croissance moyenne supérieure à 6 % par an).
L’Afrique entre deux extrêmes
Mais l’Afrique se fait aussi remarquer par sa présence en queue de peloton, avec des records de régression du PIB : – 9 % pour le Zimbabwe (chute de la production agricole due à la sécheresse, mais surtout à la crise provoquée par l’expropriation de quelques centaines de fermiers blancs et qui a conduit à l’arrêt de l’aide internationale et à la pénurie de devises) et – 8 % pour le Liberia (où les rébellions continuent à sévir).
Entre ces deux extrêmes, l’Afrique subsaharienne devrait s’en sortir plutôt bien avec un taux global de croissance de 3,2 %, contre 2,5 % en 2002 et 2,9 % en 2001. Juste ce qu’il faut pour faire face à la croissance démographique et dégager un surplus de richesse : le revenu par habitant devrait croître de seulement 1 %, moitié moins que la moyenne mondiale (2 %). En effet, comme l’a prouvé l’expérience asiatique, il faudrait un taux de croissance du PIB supérieur à 8 % par an pendant une très longue période (vingt à trente ans) pour espérer sortir du sous-développement. Seul un taux de cette amplitude permettrait d’améliorer sensiblement le revenu par habitant : en Asie de l’Est, il a progressé de 5 % à 6 % par an de 1971 à 2000, contre – 1 % à 0,5 % en Afrique subsaharienne.
Un score à relativiser
Les performances annuelles sont donc à prendre avec prudence. Elles sont significatives de l’effort ponctuel de tel ou tel pays. Un effort qu’il faut également relativiser avec le PIB de base. Championne avec 12,5 % de croissance, la Guinée équatoriale devrait réaliser une valeur ajoutée additionnelle de 300 millions de dollars. Les États-Unis, qui se classent au 58e rang avec un taux de 2,6 %, enregistreront, eux, un surplus de valeur ajoutée additionnelle de 300 milliards de dollars, mille fois plus que le Mozambique qui réalise un taux cinq fois supérieur à celui de la première puissance économique mondiale.
Les trois quarts du PIB mondial
Les pays du G8, qui se concertent une fois par an sur l’état de la planète – leur prochain sommet est prévu à Évian, en France, du 1er au 3 juin -, enregistrent une croissance moyenne de 2 %. Mais c’est leur poids économique (et évidemment militaire) qui compte le plus : ils assurent les trois quarts du PIB annuel mondial, soit 24 000 milliards de dollars sur un total de 32 000 milliards prévu en 2003.
* The World in 2003, numéro spécial. Prévisions pour une centaine de pays.
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