Moody’s relève une (trop) légère amélioration de l’économie tunisienne

Bien qu’un peu rassurés par l’endiguement des déficits chroniques, les analystes américains persistent à juger la dette tunisienne « hautement spéculative ».

Ministère tunisien des Finances © Par Leandro Neumann Ciuffo — originally posted to Flickr, CC BY 2.0,

Ministère tunisien des Finances © Par Leandro Neumann Ciuffo — originally posted to Flickr, CC BY 2.0,

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Publié le 17 février 2020 Lecture : 1 minute.

L’agence de notation Moody’s a relevé ses perspectives de négatives à stables pour la Tunisie, tout en conservant la note de B2. L’analyste américain salue ainsi la réduction du déficit courant à 9 milliards de dinars (2,9 milliards d’euros), soit 7,9 % du PIB en novembre dernier contre 9,9 % du PIB en novembre 2018. Un resserrement dû essentiellement à la politique restrictive de la Banque centrale dont le taux d’intérêt directeur de 7,75 % est le plus haut depuis une décennie.

Moody’s a également récompensé la baisse de 5 points du PIB pour atteindre 72,7 % de la dette publique, grâce notamment à un meilleur recouvrement fiscal. Dernier bon point distribué : les avoirs nets en devises qui ont augmenté de plus d’un tiers en un an pour représenter 114 jours d’importation, assez loin du seuil critique de 90 jours.

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Incertitude politique

Ces trois indicateurs positifs n’ont cependant pas convaincu l’agence de notation de changer sa note de B2 considérant l’emprunt tunisien comme « hautement spéculatif » pour les investisseurs. La croissance atone, 1 % en 2019 contre 2,5 % en 2018, « reste insuffisante pour instaurer une nouvelle dynamique socio-économique ». C’est le secteur du textile, autrefois garant de la richesse du pays, qui a plombé l’économie avec un recul de 6,2 % en 2019.

Moody’s enfin s’inquiète de l’impasse politique avec l’incapacité à obtenir l’investiture d’un nouveau gouvernement après plusieurs tentatives infructueuses. Cette crise institutionnelle a notamment reporté de quasiment six mois la 6e revue du FMI qui devrait déboucher sur un décaissement de 409 millions de dollars, mais surtout rassurer les autres bailleurs de fonds (Union européenne, Banque mondiale, Banque africaine de développement, etc.).

Or, la Tunisie ne peut pas se passer de ces créanciers internationaux, même si le nouveau président, Kais Saied, tente de trouver des devises ailleurs, comme en Algérie. L’agence de notation a d’ailleurs prévenu dans que l’absence prolongée d’un gouvernement est « susceptible de conduire à une dégradation au niveau de la note souveraine ».

L’agence Fitch Ratings, qui a attribué en mai 2018 un B+ avec perspective négative à Tunis, doit publier sa nouvelle notation d’ici la fin du mois.

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