Flores, artiste engagé
Star incontestée de la musique angolaise, le chanteur ne manque jamais de stigmatiser les problèmes dont souffre son pays.
Pour terminer l’année 2002 en beauté, la vedette de la chanson Paulo Flores était à l’affiche de Casa 70, la plus prestigieuse salle de spectacle de Luanda. Le chanteur et son groupe y ont fait vibrer des milliers de fans sur des rythmes de kizomba ou de samba… Au menu : les tubes endiablés de Recompasso, le dernier disque de la star, mais aussi de Perto de fin, un opus qui a battu tous les records de vente en 2000 en s’écoulant à plus de 20 000 exemplaires.
Après quatorze années de succès, Paulo Flores semble être aujourd’hui au sommet de son art. Né en 1972 à Luanda d’une mère métisse, il est, dès son plus jeune âge, plongé dans l’univers de la musique par son père disc-jockey. Sacré « roi de la nuit » à Luanda dans les années soixante-dix, celui-ci a ouvert Le Panorama, discothèque bien connue de la capitale. Parti dès l’âge de 2 ans avec sa mère pour Lisbonne, le jeune Paulo revient à Luanda à 16 ans pour enregistrer son premier album. « Les studios portugais ne voulaient pas de musique africaine », explique-t-il. Belle revanche sur le passé : avec neuf albums à son actif, Flores est maintenant adulé par les multinationales du disque comme Sony. Et il s’enorgueillit d’être, avec Bonga, l’un des deux musiciens africains les plus connus au Portugal. Son groupe est constitué de talents reconnus, tels le saxophoniste Manuto – l’un des meilleurs instrumentistes d’Angola – ou encore le guitariste solo bissauguinéen Manecas Costa, chanteur à ses heures perdues, qui prépare d’ailleurs son propre album. Cet ensemble tonique fait danser tout Luanda sur des sons empruntant au funana capverdien, au zouk antillais ou à la samba brésilienne. Un cocktail qui doit beaucoup aux percussions : batterie, tumba, timbale, etc.
Paulo promet, pour 2003, un disque d’anthologie sur la musique angolaise qui sera enregistré en France et au Portugal. Avec des chansons toujours tissées autour des mêmes thèmes, l’artiste se veut engagé, investi d’une mission : « Dire tout haut les misères du peuple, sans oublier de chanter l’amour, l’une des plus belles choses au monde. […] Je ne vois pas de sens à pratiquer un art aujourd’hui en Angola sans fustiger la manière dont la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire des fils de ce pays sont négligées », poursuit-il.
Flores ne pratique-t-il son art que pour défendre une cause ? En vit-il ? « L’argent ne me fait pas courir. J’ai du succès, les gens m’admirent, je dispose d’une société pour me produire moi-même et j’ai de quoi vivre. Cela me suffit. »
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