Filière thé : querelle de chefs

Nommé en octobre 2002 à la tête de la Cameroon Tea Estate, John Niba Ngu a été limogé en janvier, mais n’entend pas se laisser faire.

Publié le 21 janvier 2003 Lecture : 2 minutes.

Trois mois après sa privatisation, l’ancienne filière thé de la Cameroon Development Corporation (CDC) est dans une situation critique. Deux hommes se disputent aujourd’hui la direction de la nouvelle entité, la Cameroon Tea Estate (CTE) : John Niba Ngu, directeur général sortant de la société, et Alamine Mahamat Mey, son adjoint et successeur par intérim. Un conseil d’administration de la CTE est annoncé dans les jours qui viennent pour confirmer le limogeage du premier et la nomination du second.
Rappel des faits. En octobre 2002, la société sud-africaine Brobon Finex rachète 65 % de la filière thé de la CDC. Et nomme de nouveaux cadres au sein de la CTE, dont Alamine Mahamat Mey. Le 31 décembre, John Niba Ngu annonce le licenciement de vingt-trois employés qu’il accuse de travailler contre les intérêts de la société. Dans des déclarations à la presse, cet ancien ministre de l’Agriculture, ancien directeur général de la CDC et de la Société camerounaise de palmeraies, Socapalm, explique qu’il se considère comme le garant des intérêts des actionnaires minoritaires, à savoir l’État camerounais (35 %), les employés, à qui 5 % des parts doivent être rétrocédées par Brobon Finex, et lui-même (5 %). Cette dernière affirmation est aussitôt démentie par Derrick Garvie, président exécutif de Brobon Finex. Le 2 janvier, celui-ci convoque son conseil d’administration, démet John Niba Ngu de ses fonctions et annule les mesures de licenciement. La décision est annoncée le samedi 4 janvier aux employés, rappelés pour une assemblée extraordinaire alors qu’ils étaient en repos. Dans la circulaire lue aux ouvriers cet après-midi-là, John Niba Ngu est remplacé jusqu’à nouvel ordre par son adjoint Alamine Mahamat Mey.
Mais le limogé refuse de quitter son poste, arguant que la décision de le licencier n’a pas été prise par le conseil d’administration de la CTE. Il demande l’arbitrage de l’État. La justice est saisie. Le verdict du tribunal de grande instance du Fako, rendu le vendredi 10 janvier, lui donne raison. John Niba Ngu s’empresse de reprendre ses fonctions. Mais la société Brobon Finex affirme que la crise met en péril la paix sociale dans la région et fait appel. Elle obtient, à la fin de la même journée, gain de cause : Alamine Mahamat Mey passe le week-end dans le fauteuil du directeur. Il signe dans la foulée un accord avec les syndicats par lequel il s’engage à maintenir les acquis sociaux des employés (logement et santé), à les immatriculer à la Caisse nationale de prévoyance sociale, et à tous les associer à la souscription aux 5 % d’actions qui leur sont réservées. Un accord grâce auquel il s’assure le soutien des employés face à John Niba Ngu dans une lutte qui n’est pas terminée.

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