Courrier

Publié le 21 janvier 2003 Lecture : 3 minutes.

Salut, Monsieur Béchir
Salut, Monsieur Béchir Ben Yahmed, comment ça va ? Je voudrais te présenter ma famille. Je m’appelle Radjabu, je suis l’aîné d’une famille de cinq enfants. Mon père s’appelle Shabani, ma mère, Hawa. Celui qui me suit s’appelle Ismail et il a 12 ans. Il est élève en classe de 6e. La suivante, Dada, a 10 ans, et est en 3e. Suit Myryamu, 8 ans. Enfin, le dernier s’appelle Faty. Il a 5 ans. Mon pays, le Burundi, est situé en Afrique centrale, à côte de la République démocratique du Congo, du Rwanda et de la Tanzanie. J’attends votre message avec impatience… À plus. Bisous.
RADJABU, Burundi

L’eau, produit de luxe
À la mi-décembre dernier, alors que je me rendais à Dakar (Sénégal), j’ai eu l’occasion de traverser nombre de capitales ouest-africaines. J’ai été terrifié par le prix de l’eau : que ce soit à Cotonou, Lomé, Ouaga, Bamako, Dakar ou même Douala, d’où je suis parti, une bouteille d’eau minérale coûte plus cher qu’une bouteille de bière. Je me suis demandé si installer une station de captage d’eau naturelle nécessitait autant de technologie que les équipements brassicoles ; et, surtout, je me suis rappelé que la bière est constituée de plus de 60 % d’eau. Comment peut-elle coûter moins que le prix de l’eau plate ? De là, j’ai pensé aux discours des politiques sur la pauvreté… Je me suis demandé de quelle lutte on parle si, pour le cinquième de la population mondiale qui se débrouille avec moins de 1 dollar par jour pour vivre, l’eau est un produit de luxe !
Emmanuel Bayock, doctorant en droit public, université de Douala, Cameroun
Vive le boycott !
Sauf erreur, vous n’avez pas mentionné une initiative qui mérite d’être encouragée et suivie par d’autres organismes : la décision courageuse prise par le Conseil d’administration de l’université Paris-VI (France) de suspendre ses collaborations avec Israël. De même qu’un boycott a contribué à mettre un terme à la politique d’apartheid en Afrique du Sud, celui-ci contribuera à mettre fin aux violences et au non-respect des droits de l’homme dans les Territoires occupés.
Jean-Michel Baryla, Puteaux, France

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Mobutu, Kabila et le Zaïre
Que pense B.B.Y. de la situation actuelle en République démocratique du Congo (RDC) depuis le coup d’État – international – qui a provoqué la chute de Mobutu et l’arrivée au pouvoir des Kabila (père et fils) ? Jo Bongos, Lausanne, Suisse

Réponse : Mobutu a été placé au pouvoir par les États-Unis et la Belgique, responsables de l’élimination de Lumumba. Malgré ses efforts, il n’a pas pu se libérer de ce péché originel. Il a eu le mérite, dans les années soixante-dix, sa meilleure période, d’unifier le Zaïre et de lui donner un gouvernement central. Mais lui et tous ceux qu’il a associés au pouvoir se sont mis à se servir, à s’enrichir scandaleusement, laissant les Zaïrois s’appauvrir dans un pays aux richesses importantes. Mobutu a servi les États-Unis tout au long de la guerre froide contre l’URSS. Mais, celle-ci achevée, les États-Unis ont jeté Mobutu comme un kleenex. Dès que sa maladie a été connue, on a su que le pouvoir était déjà vacant. Laurent-Désiré Kabila a persuadé le Rwanda de l’aider à accéder au « trône ». Il n’y était pas préparé, n’était ni le révolutionnaire qu’il a prétendu être, ni le gouvernant rassembleur que la situation appelait.
Il a lassé ses « sponsors » et déçu les Zaïrois (redevenus Congolais). Brouillé avec les premiers, sans soutien réel chez les seconds, il a fini assassiné par des comploteurs de sa propre cour.
Son fils n’a pas de légitimité propre. Mais ses partenaires extérieurs – le Maroc, les États-Unis et l’Europe – l’ont adoubé comme un dirigeant de transition et de compromis.
À ce jour, cette solution n’a été ni acceptée ni rejetée par les Congolais. On ne peut conclure à sa validité, mais personne ne propose une solution de rechange crédible.
B.B.Y.

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