RDC : Kalev Mutond, droit dans ses bottes malgré les soupçons et les sanctions
Incontournable pilier du clan Kabila, Kalev Mutond est sous le feu des critiques. Soupçonné de « tentative de déstabilisation » par ses anciens services, l’ex-patron du renseignement congolais est aussi accusé d’« arrestations arbitraires » par plusieurs anciens opposants.
À le voir arriver, tout sourire et avenant, difficile d’imaginer que Kalev Mutond sort d’une semaine compliquée. Une de plus pour cet ancien sécurocrate de l’ère de Joseph Kabila, au centre de plusieurs polémiques. Interpellé mercredi 12 février, il a été auditionné par ses anciens agents de l’Agence nationale des renseignements (ANR), qu’il a dirigé pendant huit ans. Soupçonné de « tentative de déstabilisation », il est accusé de détention illégale de passeport diplomatique.
L’affaire est éminemment politique. Car si depuis qu’il a été relevé de ses fonctions à l’ANR, en mars 2019, Kalev Mutond n’a officiellement aucune autre responsabilité que celle de « conseiller politique » du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, il reste cependant l’un des membres du premier carré de fidèles à l’ancien président congolais. Samedi 15 février, c’est d’ailleurs au bureau du coordonnateur du Front commun pour le Congo (FCC de Joseph Kabila), Néhémie Mwilanya, qu’il nous a donné rendez-vous.
Près d’une heure d’échanges, interrompus sans cesse par la sonnerie de l’un des trois téléphones qui ne le quittent jamais. Au bout du fil, des proches, mais aussi des alliés politiques ou d’anciens collègues de l’époque où il dirigeait les services de renseignements, qui viennent aux nouvelles. « Les gens m’appellent pour savoir si, oui ou non, je suis interdit de quitter le pays », glisse-t-il en raccrochant. « Je ne sais que leur répondre : moi, je ne suis pas informé », assure l’un des hommes sans doute les mieux renseignés du pays.
Interdit de sortir du territoire
Un document émanant des services de l’immigration, émis dans la matinée du samedi, fait pourtant bel et bien état de cette interdiction de quitter le territoire. L’ordre, émis par le Directeur central de la police des frontières, a ensuite été transmis aux postes frontières.
Quand on l’interroge sur le fond des accusations de l’ANR à son encontre, Mutond nie avec force. Sur la « détention illégale d’un passeport diplomatique », il affirme être dans son droit en utilisant le document qui a été mis à sa disposition. Il brandit en outre une lettre de mission, délivrée le 8 février par la primature, qui couvre son déplacement à Entebbe, en Ouganda, du 9 au 12 février. Sur le document, il y est présenté comme « conseiller politique » du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
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