Un an de révolution en images : le Hirak algérien sous l’œil de deux photojournalistes
Manifestations géantes, mobilisation des femmes, démission de Bouteflika, révolte des étudiants… Les photoreporters algérois Louiza Ammi et Samir Sid zooment sur les temps forts du Hirak en Algérie, le mouvement de contestation populaire qui agite le pays depuis le 22 février 2019.
![29e mardi de manifestations des étudiants, le 10 septembre 2019, à Alger. © Samir Sid](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2020/02/19/29e-mardi-des-etudiants-10-09-2019-samir-sid-1.jpg)
29e mardi de manifestations des étudiants, le 10 septembre 2019, à Alger. © Samir Sid
Dans une révolution, une image peut valoir mille mots. Pour que « personne n’oublie ce tournant dans l’histoire de l’Algérie », Louiza Ammi et Samir Sid n’ont raté aucune journée de mobilisation dans les rues d’Alger, d’où ils sont originaires. « J’étais aux côtés des contestataires tous les mardis et vendredis. J’ai même couvert des manifestations avec le pied cassé », assure fièrement Samir, que certains surnomment « le photographe du Hirak ».
Photojournalistes aguerris, ces témoins oculaires de la révolution ont fait leurs armes lors de la « décennie noire », à partir des années 1990. Près de trente ans plus tard, le couple de professionnels est redescendu dans la rue pour couvrir, durant une année, le réveil du volcan algérien. Nous avons sélectionné leurs clichés les plus emblématiques, symboles d’une Algérie unie que rien ne semble pouvoir arrêter.
• 22 février 2019 : début d’un mouvement de contestation populaire inédit
![Manifestation du 22 février 2019, rue Belcout, à Alger. © Louiza Ammi](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2020/02/19/manifestaion-alger-louiza_02.jpg)
Manifestation du 22 février 2019, rue Belcout, à Alger. © Louiza Ammi
Femmes, enfants, personnes âgées… des millions d’Algériens descendent dans la rue pour exprimer leur rejet d’un cinquième mandat de Bouteflika
Le 22 février 2019, l’interdiction de manifester est en vigueur depuis dix-huit ans. Pourtant, la place du 1er mai est rapidement investie par les Algérois – enfants, personnes âgées, femmes voilées ou cheveux libres – et devient noire de monde. « J’ai d’abord pensé qu’il y avait un match de football, mais je n’avais jamais vu autant de monde. J’ai compris que quelque chose d’exceptionnel était en train de se produire ».
Après des appels lancés sur les réseaux sociaux, des millions d’Algériens sont descendus dans les rues de toutes les grandes villes du pays pour exprimer leur rejet d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999. « Le peuple a dit non », ont scandé les Algérois sur la rue Hassiba Benbouali.
« Sur cette photo, le manifestant est resté impassible pendant plus d’une heure face aux forces de l’ordre, en dépit des gaz lacrymogènes », affirme Louiza.
• 8 mars : « Femmes contre le cinquième mandat »
![Les femmes sont très présentes lors des manifestations du Hirak. Ici, à Alger lors de la marche du 8 mars, journée internationale de la femme. © Louiza Ammi](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2020/02/19/marche-8-mars-alger-louiza_260.jpg)
Les femmes sont très présentes lors des manifestations du Hirak. Ici, à Alger lors de la marche du 8 mars, journée internationale de la femme. © Louiza Ammi
« Égalité entre sœurs et frères », pouvait-on entendre dans les cortèges
Il pleut sur la capitale algérienne. Les femmes, qu’elles soient jeunes ou âgées, descendent pourtant massivement dans la rue. Il faut dire que le troisième vendredi de manifestations anti-Bouteflika coïncide avec la journée internationale qui leur est dédiée, le 8 mars. « Femmes contre le cinquième mandat », « Égalité entre sœurs et frères », pouvait-on entendre dans les cortèges.
« Les femmes ont toujours joué un rôle de premier plan dans ces mobilisations. Mais c’est le soutien des hommes à la cause féminine, dans une société patriarcale, qui m’a marquée ce jour-là », se rappelle Louiza, qui a une appétence particulière pour la photographie au féminin. La professionnelle a fait le choix du noir et blanc, en souvenir des grandes manifestations de femmes lors de la guerre civile algérienne, qu’elle a également couverte.
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