Smaïn de rire en ire
Le jour de notre rendez-vous, Smaïn était en colère. Les raisons ? Le matin même, une journaliste avait cru judicieux, en le présentant à la radio, d’ajouter qu’il était « issu de l’immigration ». « Utiliser ces termes contribuent à l’exclusion », tranche-t-il.
À peine cette exaspération dissipée que nous réussissions à le courroucer à nouveau par une malheureuse première question sur ces dernières années passées, nous semblait-il, loin de la scène. Smaïn crie au parisianisme. « Ce n’est pas parce que je n’ai pas été programmé dans une salle parisienne depuis 1996 que j’ai disparu. » Pourtant, dans son dernier spectacle, Rebelote, en tournée jusqu’à fin 2006, lui-même se permet d’ironiser sur son come-back. « Mais que faisait-il ? Il est rentré dans son pays ou il est retourné à la DASS ? Mais non, je préparais mon retour ! » répond-il à ses nombreux fans qui se demandaient où il était passé. « Ah ! t’as vu, il a pris du bide. – Oui, mais ce n’est rien à côté du bide que je me suis pris au cinéma. »
Remontons le temps. On est en 1986. Smaïn, né à Constantine et élevé à Paris par des parents adoptifs français, monte son premier one-man-show, A star is beur. Les salles ne désemplissent pas, le succès est immédiat. Le comédien, grand admirateur de Jerry Lewis, rêve de faire du cinéma. Et il tournera dans une vingtaine de films, donnera la réplique à des acteurs tels que Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Arielle Dombasle et Sabine Azéma. Mis à part L’oeil au beur(re) noir, César du meilleur premier film en 1988, les autres productions où l’on voit son visage gouailleur n’ont pas été particulièrement remarquées.
Dans Rebelote, Smaïn revient sur un thème qu’il n’a jamais cessé d’explorer : le racisme. En particulier celui des personnes d’origine étrangères envers ceux qui, comme eux, sont venus de loin. En l’occurrence, celui d’un tenancier de bar qui ne cesse de répéter : « Je suis pas raciste, je m’appelle Mohamed. Je ne suis pas raciste, c’est eux qui sont noirs. »
S’égrènent ensuite des sujets neufs, tels que les nouveaux pères, la psychanalyse, la télé-réalité via un sketch intitulé HLM Live Story. « Tous ces nouveaux thèmes viennent du fait que j’ai mûri et que mon observation du monde n’est plus la même », confie celui qui soufflera bientôt ses 48 bougies.
Pourtant, dans la grande famille des humoristes beurs, Smaïn restera « le grand frère ». Qu’en pense-t-il ? « Je déteste le terme « beur ». Il était utile il y a vingt ans parce qu’il fallait qu’on se positionne. Aujourd’hui, le beur a fondu dans la société française. Tous les termes qui veulent nous cerner me mettent en colère. » Dont acte.
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