Que faire de Lénine ?

Menaces sur le mausolée du fondateur de l’Union soviétique.

Publié le 19 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le Parti communiste russe a, le mois dernier, lancé une pétition en faveur du maintien de la momie de Lénine dans son mausolée, sur la place Rouge, à Moscou. La pérennité de ce sanctuaire du bolchévisme triomphant est en effet menacée, de nombreuses voix s’élevant dans l’ex-patrie des Soviets pour réclamer sa désaffection.
De forme pyramidale – symbole d’immortalité -, le bâtiment est censé rappeler à tous et à toutes ces jours d’octobre 1917 où la Révolution changea la face du monde… Désormais, aucun chef de l’État ne prononce plus de discours du haut de la tribune dissimulée au sommet de l’édifice. Et les visiteurs se font rares : quelques babouchki en fichu, une poignée de Sovietski guerroï [héros de l’Union soviétique] arborant fièrement leurs médailles…
L’intérieur du mausolée est plongé dans la pénombre. Quelques marches, un brusque virage à droite, puis un grand escalier dallé de marbre… Les gardiens en grand uniforme sont toujours là, mais n’ont plus cette immobilité de statue qui faisait le charme, à la vérité un peu glacial, des temps soviétiques. Diadia Lenin [Tonton Lénine], comme chantaient jadis les écoliers, est là, couché, les yeux clos, le teint d’une pâleur spectrale. Souvenir des interminables files d’attente du passé, il est interdit de stationner devant le corps embaumé.
Désormais changés tous les trois ans, les vêtements sont d’une sobriété exemplaire : costume noir, chemise blanche, cravate noire à pois blancs très sixties. Le corps repose dans un cercueil de verre qui provoque un léger effet de loupe. Du coup, il paraît plus grand que nature. À l’intérieur, l’air soigneusement aseptisé est maintenu à température constante pour éviter toute corruption. Le poing droit est fermé, comme pour symboliser la lutte des prolétaires. Le laboratoire des embaumeurs – d’incontestables virtuoses – jouxte la sépulture. Chaque hiver, la momie y est plongée, un mois durant, dans un bain dont la composition est soigneusement tenue secrète.
Depuis quelques années, la question revient périodiquement dans les journaux russes : quatre-vingt-un ans après sa mort, que faire de Vladimir Ilitch Oulianov ? Faut-il enfin l’enterrer, par exemple près de sa mère, à Saint-Pétersbourg, l’ex-Léningrad ? Ou poursuivre ad vitam aeternam cette exposition qui n’intéresse plus personne ?
Kirsan Ilioumjinov, président de la République de Kalmoukie, un petit territoire situé sur la Basse-Volga, en bordure de la mer Caspienne, vient de proposer de racheter corps et mausolée pour 1 million de dollars. Sacrilège ! s’insurgent les communistes, qui n’ont pas oublié que les Kalmouks, ces descendants des Mongols, s’illustrèrent dans l’armée des Russes blancs pendant la révolution bolchevique…

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