Polémique « marocko-marocaine »

Publié le 19 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Pas moins de 61 films (dont 40 courts-métrages) ont été projetés lors de la huitième édition du Festival national du film qui s’est tenue du 2 au 10 décembre à Tanger. Inflation de la production oblige, cette manifestation devrait désormais se dérouler tous les ans et non plus à un rythme biennal. La cagnotte des aides et autres subventions accordées par le Centre cinématographique marocain (CCM) ayant été revue à la hausse (5 millions d’euros par an à partir de 2006), le nombre de longs-métrages réalisés chaque année devrait dépasser la quinzaine.

Difficile alors de tout programmer en une semaine sans rogner sur les débats et rencontres organisés en marge du festival, d’autant que le principe même de la manifestation est de n’opérer aucune sélection et de projeter la totalité des films marocains produits depuis la dernière édition. Mais l’absence de présélection n’est pas du goût de tous. Ainsi, la présence du long-métrage Marock de la jeune cinéaste Leila Marrakchi a été contestée par un de ses confrères, Mohamed Asli, réalisateur d’À Casablanca, les anges ne volent pas. Malheureusement, ce dernier ne mettait pas en cause les qualités cinématographiques de Marock mais contestait purement et simplement sa « marocanité » ! Un comble !

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Interrogé à propos de cette controverse qui a fait la une de la presse nationale, Mohamed Bakrim, responsable de la promotion et de la coopération du CCM, estime qu’il s’agit d’une polémique malheureuse qui n’a pas lieu d’être : « L’identité d’un film se détermine d’abord par son appartenance au cinéma. Certaines questions sont dangereuses en elles-mêmes avant même les réponses qu’elles provoquent. D’autant que la marocanité n’est jamais une donnée absolue. En fait, ce film est un révélateur acculant le courant conservateur à se dévoiler et à essayer de camoufler son malaise par une surenchère idéologique et nationaliste qui rappelle une triste époque que le cinéma a si bien représentée, filmée et mise à nu. »

Marock, qui narre les amours interconfessionnelles (entre un juif et une musulmane) de la jeunesse dorée chérifienne, n’était pas l’unique oeuvre montrée du doigt.

J’ai vu tuer Ben Barka, de Saïd Smihi et Serge Le Perron, ainsi que Le Grand Voyage, d’Ismail Farroukhi, ont également été accusés d’être des films « étrangers » ! Or il se trouve que ce sont de jeunes réalisateurs marocains résidant à l’étranger qui donnent son nouveau souffle et sa diversité au cinéma du royaume. Il serait dommage de se priver de leur regard.

Consolation : c’est L’Enfant endormi, de Yasmine Kassari, établie en Belgique, qui a remporté le Grand Prix de cette huitième édition. Une distinction nationale qui vient s’ajouter à la trentaine de prix déjà glanés par ce film dans divers festivals aux quatre coins de la planète.

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