[Tribune] Le sens du business selon Jim Ovia
À certains égards, toutes les modesties sont fausses, et Jim Ovia, fondateur de Zenith Bank, fait probablement bien de s’en dispenser dans L’Afrique des possibles.
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Joël Té-Léssia Assoko
Joël Té-Léssia Assoko est journaliste spécialisé en économie et finance à Jeune Afrique.
Publié le 27 février 2020 Lecture : 2 minutes.
L’édition française de l’autobiographie du tycoon de Lagos, Jim Ovia, sous-titrée « Les secrets d’un self-made-man nigérian », vient de sortir aux Éditions Tallandier.
Peu connu en dehors du Nigeria, le parcours de cet entrepreneur touche-à-tout mériterait d’être davantage mis en avant. Avec dix ans d’expérience dans la banque (et non vingt, comme requis traditionnellement), il décroche au culot un agrément lors de la vague de libéralisation des années 1980-1990. En une vingtaine d’années, il parvient à transformer cette entité dotée de 4 millions de dollars de capital initial en un mastodonte aux 16 milliards de dollars d’actifs.
L’humain avant tout
Sa recette ? « Placer l’humain, qu’il soit collaborateur, actionnaire ou client, au sommet des priorités ». La liste des « Zenith boys » aujourd’hui aux premiers rangs de la société nigériane est longue, parmi eux figurent Godwin Emefiele, le gouverneur de la Banque centrale, ou encore Udom Emmanuel, gouverneur du riche État d’Akwa Ibom. Mais, outre l’accent mis sur l’humain, la biographie du fondateur de Zenith Bank illustre abondamment une autre vertu cardinale, indispensable peut-être à la réussite d’une carrière comme la sienne : « une inébranlable confiance en soi ».
« L’instinct donne l’esprit d’entreprendre, et la confiance donne des ailes. Les deux combinés agissent comme les moteurs d’une fusée. […] J’assume la rage que je mets à atteindre – voire à dépasser – mes objectifs », note le sexagénaire, dont la fortune est estimée à plus de 500 millions de dollars. Si l’on en croit le manager, par ailleurs pionnier dans le domaine d’internet et des télécoms au Nigeria avec Cyberspace puis Visafone (revendu en 2015 à MTN), ce qui a fait la différence est cet entêtement, associé à une attention pointilleuse aux détails et à une capacité de travail phénoménale. « Je ne crois pas qu’il faille opposer systématiquement travail et vie privée, car souvent les deux se rejoignent. Un écrivain cesse-t-il de l’être quand il pose son stylo ? » interroge Jim Ovia.
Je me sens entrepreneur au premier sens du terme : j’entreprends
Cet ouvrage fourmille de mille exemples concrets des étapes qui ont jalonné la remarquable aventure de Zenith Bank. Mais, surtout, il exsude de cette qualité sine qua non pour être un entrepreneur : un instinct, un appétit voire une gourmandise pour les affaires que nulle business school ne peut enseigner. « Je me sens entrepreneur au premier sens du terme : j’entreprends. Porté par mon instinct et mon envie, je cherche des opportunités et je fonce. Je suis né avec ce talent ; monter des affaires me semble naturel. Aussi naturel qu’une personne rapide, puissante et compétitrice dans l’âme qui s’engagerait dans une pratique sportive de très haut niveau. » Impossible de faire semblant : ce sens du business, on l’a ou on ne l’a pas. Jim Ovia, lui, l’a, assurément.
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