L’oeil écoute

Réunis à Paris, une vingtaine de photographes arabes proposent une vision originale de leurs pays respectifs.

Publié le 19 décembre 2005 Lecture : 1 minute.

L’exposition de l’Institut du monde arabe (IMA) fera date. Sur deux niveaux, vingt et un photographes arabes mélangent les genres, bousculent les codes, les références, et nous font sentir les réalités de leurs pays respectifs. Reportages, images de studio, vidéos, noir et blanc, couleur, argentique, numérique… Ils explorent toutes les techniques et tous les modes d’expression. On y retrouve les autoportraits dérangeants du Marocain Hicham Benohoud, les Chroniques algériennes d’un retour de Bruno Boudjelal ou l’esthétisme inspiré du cinéma égyptien des années 1950 de Youssef Nabil.
Dans cette exposition, les femmes photographes sont en force (12 sur 21 artistes). La Saoudienne Reem Al-Faisal est l’une des rares photographes à avoir couvert aussi largement le pèlerinage à La Mecque, la Franco-Marocaine Yasmina Bouziane se déguise et se met en scène devant son objectif à la façon des anciennes cartes postales orientalistes. Quant à la Libanaise Dalia Khamissy, elle ose s’attaquer à des sujets peu traités par ses consoeurs. Le travail qu’elle présente à l’IMA montre la vie misérable dans deux camps installés par le Haut-Commissariat aux réfugiés à la frontière entre l’Irak et la Jordanie.
Ce panorama n’est bien sûr pas exhaustif, mais il constitue malgré tout une passionnante représentation photographique du monde arabe contemporain. « Ces images ne sont pas des substituts à la réalité ; ce sont des regards tournés vers l’extérieur, par la traversée de l’intérieur, regards et visions enregistrés par les appareils de ces nombreux photographes arabes, hommes et femmes », écrit le romancier égyptien Nabil Naoum en guise d’introduction. « Cette exposition révèle, et ne dissimule pas. Il s’y exprime une grande ampleur de vision, mais aussi une évidente proximité de sentiment, on y perçoit la tentative de montrer le particulier, la singularité, le présent, mais aussi la mémoire, le doux et l’amer mêlés. Le reflet de ce qui hante la société arabe et d’abord ce qui s’est passé, naguère, au Liban, et ce qui se passe aujourd’hui en Palestine et en Irak. »

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