L’impossible équation

La Conférence de Hong Kong l’a démontré une fois de plus : la multiplicité des protagonistes et des intérêts complique les négociations commerciales.

Publié le 19 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le symbole est fort. Théâtre, du 13 au 18 décembre, de la sixième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Hong Kong, territoire sans agriculture et vivant essentiellement des services, doit sa prospérité… au commerce. Ce petit morceau autonome de la Chine rouge a vécu une folle semaine : 6 000 délégués, près de 150 ministres, 3 000 envoyés d’ONG, quelque 10 000 altermondialistes et 11 000 journalistes s’y sont réunis le temps d’un sommet aux enjeux planétaires. Sur ce territoire de 1 000 km2, dont le nom signifie « port parfumé », on craignait le pire. Les émeutes lors des précédentes réunions à Cancún et à Seattle sont dans toutes les mémoires. Pour prévenir tout débordement, les autorités n’ont pas fait les choses à moitié : près de 27 000 policiers ont été déployés et plusieurs scénarios de crise étudiés. Les immeubles entourant le Centre de convention, vaste capsule de verre et d’acier qui donne sur le port, ont été enveloppés dans des filets de protection. Les entreprises du quartier, elles, ont été invitées à stocker des repas « instantanés ». On ne sait jamais…
Les premiers jours ? Atmosphère de carnaval… Si la tension est palpable, rien à voir avec Cancún. Lors de l’ouverture de la Conférence, évidemment, la désormais traditionnelle manifestation anti-OMC. Plusieurs milliers de protestataires défilent sur un parcours balisé par la police, à environ un kilomètre du Centre de convention. L’ambiance est plutôt bon enfant. Slogans, chansons et discours bien sentis contre la mondialisation, le commerce inéquitable et l’injustice sociale. L’heure de la dispersion sonne. Mais c’était compter sans les paysans sud-coréens. Venus en nombre, déterminés à exhiber leur colère devant les caméras du monde entier, ils tentent de forcer le cordon de sécurité. Plusieurs dizaines d’entre eux se jettent dans les eaux troubles du Victoria Harbour et commencent à nager vers le centre névralgique, où les délégués s’écharpent tranquillement. Un barrage de bateaux de police les en empêchera. Un autre groupe de paysans sud-coréens porte un cercueil en bois symbolisant l’OMC. Ils tentent eux aussi de passer en force, y parviennent presque, avant que des renforts antiémeutes ne reprennent le dessus. L’affrontement est inévitable : la police riposte à coups de lacrymogènes. Mais la violence reste limitée. Une situation due en grande partie au choix de la ville hôte. Hong Kong n’est pas Cancún ou Seattle, et ses habitants n’ont rien à reprocher à l’OMC, bien au contraire. Alors qu’ils étaient plus de 100 000 fin novembre à défiler pour réclamer le suffrage universel, leur absence fut criante.
À l’heure où ces lignes sont écrites, il n’y a pas eu d’incident majeur à déplorer, même si le spectre des émeutes planait encore sur les deux derniers jours de la Conférence. Peut-être les altermondialistes se sont-ils aperçus qu’il n’était point besoin de leurs interventions musclées pour faire capoter le sommet…

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