Regain de tension entre le Maroc et l’Algérie après l’ouverture de consulats africains au Sahara occidental

Comores, Gabon, Guinée, Côte d’Ivoire… Plusieurs Etats africains ont choisi d’ouvrir ces derniers mois des représentations consulaires à Laâyoune et Dakhla. Des décisions très politiques, aussitôt critiquées par les autorités algériennes.

La ville de Laâyoune (image d’illustration). © Vincent Fournier/JA

La ville de Laâyoune (image d’illustration). © Vincent Fournier/JA

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Publié le 21 février 2020 Lecture : 3 minutes.

Un rythme effréné. Depuis décembre, le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita a inauguré pas moins de sept consulats africains dans ce que le Maroc considère comme ses provinces sahariennes, dans les villes de Laâyoune et Dakhla. Le dernier en date à ouvrir ses portes, celui de la Côte d’Ivoire, a valu à Abidjan un soudain refroidissement des relations avec l’Algérie, qui a rappelé son ambassadeur de la capitale ivoirienne.

De leur côté, les Comores, la Centrafrique, le Gabon, la Gambie, la Guinée et Sao Tomé ont aussi ouvert des représentations consulaires ces derniers mois au Sahara occidental. Et le Burkina Faso devrait prochainement leur emboîter le pas.

Des consulats très politiques

Alger considère ces ouvertures de consulats comme une volonté d’imposer de fait une souveraineté marocaine sur ce territoire. Un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères dénonce l’ouverture du consulat ivoirien à Laâyoune, estimant qu’il « intervient au mépris des principes et des objectifs consacrés par l’acte constitutif de l’Union africaine, notamment l’impératif d’unité et de solidarité entre les peuples d’Afrique, la défense de l’intégrité territoriale et l’indépendance des pays membres de l’Union. »

L’Union africaine accorde en effet le statut d’Etat à la République arabe sahraouie démocratique (RASD), qui possède sa propre représentation à Addis-Abeba. Outre l’Algérie, le Front Polisario bénéficie du soutien historique de Pretoria, qui a pris mi-février la tête de l’institution panafricaine. Lors de son discours d’investiture, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a d’ailleurs rappelé son soutien « au droit du peuple du Sahara occidental à l’auto-détermination ». Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, dont c’était le premier sommet panafricain, a abondé en son sens dans son propre discours, qui a immédiatement succédé à celui du chef de l’Etat sud-africain.

Pour autant, depuis son retour au sein de l’UA en 2017, le Maroc est parvenu à faire en sorte que la question du Sahara ne soit pas abordée au sein de l’Union africaine. La troïka sur le Sahara occidental mise en place par l’UA en 2018 et qui réunit aujourd’hui l’Afrique du Sud, l’Egypte et la République démocratique du Congo -, ne s’est pas réunie en février à Addis-Abeba, pas plus qu’à Niamey lors du sommet de l’UA en juillet 2019.

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