Le détail qui peut ralentir la Chine

Publié le 19 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Jusqu’où ira la formidable montée en puissance chinoise ? Peut-elle s’arrêter ? Ces questions taraudent les experts occidentaux. C’est grâce à un chiffre officiel de croissance de 9,5 %, et un chiffre réel plus proche de 13 %, que la Chine explique aujourd’hui 40 % de la hausse du commerce mondial. Dire cela, c’est saisir la difficulté à ralentir la machine comme le souhaitent les Occidentaux exposés à l’offensive des produits chinois. Chacun sait que, en l’absence d’un marché intérieur suffisamment solvable, la croissance chinoise repose avant tout sur les exportations (+ 27 % depuis janvier) et les gains de parts de marché qu’elles génèrent. On pourrait imaginer que les Chinois s’exposent de ce fait à des mesures protectionnistes. Si l’on rappelle que la moitié du commerce entre les États-Unis et la Chine repose sur des échanges intrafirmes, on peut en déduire que Washington n’a pas intérêt à protéger son territoire, ce qui reviendrait à pénaliser ses entreprises.

Quant à l’hypothèse agitée hier d’un « collapse financier » de la Chine, lié à l’état de délabrement de son système bancaire, il faut l’oublier. Les banques ont été recapitalisées de 60 milliards de dollars par l’État, qui leur a racheté de surcroît 250 milliards de créances douteuses. Leurs bilans sont désormais proches des ratios européens, comme leur gestion des prêts ou des risques.
La perspective d’un ralentissement est d’autant moins probable que, avec un taux d’épargne égal à 50 % de leurs revenus, les Chinois ont de la réserve. L’évolution démographique laisse aussi prévoir l’émergence d’un nombre croissant de consommateurs solvables comme le montrent le déclin des populations rurales et la hausse continue de l’emploi urbain. Il faut aussi relativiser un éventuel goulet d’étranglement que représenterait pour la Chine l’accès aux matières premières. Le pays consomme 7 % de la production mondiale de pétrole et a adopté une stratégie de sécurisation de ses approvisionnements en multipliant les accords commerciaux, comme c’est le cas au Brésil, en Afrique du Sud ou encore en Iran.

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Reste un phénomène, peu connu, qui pourrait ralentir le boom : l’incapacité du pays à contrôler les surcapacités industrielles sur son territoire, dues notamment à de petits producteurs que Pékin ne sait pas contrôler. On voit cette évolution dans le chiffre d’inflation de 1,5 %, peu élevé au regard de la croissance. Cela montre que les prix industriels baissent et qu’il devient moins rentable de produire dans une Chine fabriquant de la surcapacité et réduisant ainsi le profit de ses entreprises. Cette réalité pourrait à terme peser sur le bond en avant chinois.

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