Excellente tenue de route

Le numéro un mondial du pneu continue de mêler tradition familiale, provincialisme français et innovation. Avec succès.

Publié le 19 décembre 2005 Lecture : 2 minutes.

A 42 ans, Édouard Michelin, benjamin des chefs d’entreprise du CAC 40, surfe sur la vague des départs en retraite. Rigueur dans le contrôle des coûts, augmentation de la productivité… Depuis qu’il a succédé à François, son père, le jeune Michelin s’est engagé sur la voie du changement. Pour conserver sa place de leader sur le marché mondial du pneu, il compte à la fois sur l’innovation, la conquête des nouveaux marchés asiatiques et est-européens, et le maintien de sa pole-position en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
Pas question pour l’instant, aux dires du PDG, de fermer les usines de production situées dans les pays développés. Par souci de compétitivité, leur taille devrait néanmoins être réduite. Une tâche largement facilitée par le facteur démographique. En Amérique du Nord, l’âge moyen des 25 000 employés étant de 48 ans, la moitié des effectifs pourra partir à la retraite dans les sept prochaines années. En Europe, où la pyramide des âges du personnel est assez semblable, Michelin devra patienter un peu plus longtemps, puisque les nouvelles législations repoussent l’âge de la retraite.
Depuis l’arrivée d’Édouard, l’entreprise est en proie à une autre révolution : l’ouverture au monde de son univers longtemps demeuré secret. Tellement secret que même le général De Gaulle s’était vu refuser l’entrée dans ses usines. Peu enclin aux confidences, François Michelin évitait les journalistes. Son fils les a conviés il y a quelques jours au siège nord-américain de la société en Caroline du Sud. Plus surprenant encore, il leur a ouvert les portes de ses usines.
Le cocktail « michelinien », qui mêle tradition familiale, provincialisme français, valeurs industrielles inébranlables et innovation, continue néanmoins à en surprendre plus d’un. Le statut légal particulier dont jouit cette société à responsabilité limitée cotée en Bourse – qui la protège du risque de rachat – ajoute à la confusion. Pourtant, avec ses 20 % de parts du marché mondial et une activité exclusivement axée sur les pneus, Michelin n’a pas de souci à se faire pour son indépendance. Ni pour son avenir, puisque le nouveau pneu large X One, destiné aux poids lourds, emporte les suffrages des sociétés de transport américaines et européennes. Michelin, qui a déjà réformé l’organisation de la société, pourrait à présent songer à en moderniser la structure financière. Wishful thinking ? Probablement, surtout lorsque l’on sait que la société, introduite en Bourse en 1946, a attendu 2002 pour proposer un plan d’épargne entreprise à ses employés.

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