Maroc : le « Front social », c’est quoi ?  

Des organisations issues de la gauche marocaine parient sur un rapprochement entre partis, syndicats et associations. Un front pluriel dont l’objectif est de réduire le fossé entre les revendications sociales et les luttes politiques.

Une marche de protestation organisée le 6 avril 2014  appelant à défendre le pouvoir d’achat des Marocains. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Une marche de protestation organisée le 6 avril 2014 appelant à défendre le pouvoir d’achat des Marocains. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 24 février 2020 Lecture : 3 minutes.

Ce dimanche, une manifestation a réuni quelques milliers de personnes dans les rues de Casablanca, capitale économique du Maroc. « On est à bout » disaient les affiches pour appeler au rassemblement dont le mot d’ordre était « l’exigence de justice sociale ». L’appel avait été lancé par un nouveau venu dans le champs politique : le Front social.

Lancé lors du congrès de la Confédération démocratique du travail (CDT) en novembre dernier, le Front social a pour objectif de combler le fossé entre les luttes pour les droits économiques et les luttes politiques, en établissant un trait d’union entre les organisations syndicales et les partis. « Les droits sociaux s’obtiennent grâce aux libertés démocratiques. Trop longtemps, le camp progressiste a cru devoir faire un choix entre les luttes sociales et les combats politiques », nous dit Younes Firachin, membre du bureau de la CDT et un des coordinateurs nationaux du Front social.

Ressusciter l’esprit du 20 Février

En plus de la CDT et des sections des fonctionnaires des communes et des employés du ministère de l’Agriculture de l’Union marocaine du travail (UMT), le principal syndicat marocain, ce Front réunit les trois partis membres de l’alliance électorale créée dans les années 2000 (la Fédération de la gauche démocratique) : le Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste (PADS), le Congrès national Ittihadi (CNI) et le Parti socialiste unifié (PSU). Un quatrième parti, Annahj Addimoqrati (la Voie démocratique), organisation d’extrême gauche pourtant peu habitué aux alliances de circonstance, s’est joint au front. Autre associée au Front : l’Association marocaine des droits humains (AMDH), dont le réseau national est très dense, et les militants connus pour leur activisme soutenu.

D’un côté, le langage et les mots d’ordre du Front social rappellent la « coordination de lutte contre la vie chère », qui étaient à la base de nombreuses manifestations au début des années 2000. De l’autre, les allusions au Mouvement du 20 Février, mouvement de contestation qui avait agité le Maroc en 2011 à l’époque des Printemps arabes, sont directes dans les premiers communiqués du Front social. D’ailleurs, la date de la manifestation le 23 février, n’a pas été choisie au hasard : « Nous voulons en effet tirer des leçons du 20 Février et des mobilisations des deux dernières décennies », explique Firachin.

Première différence assumée avec les comités contre la vie chère : le Front social n’est pas ouvert aux militants islamistes

Première différence assumée avec les comités contre la vie chère : le Front social n’est pas ouvert aux militants islamistes, alors que la Coordination de lutte contre la vie chère comptait dans ses rangs des militants issus d’Al Adl wal Ihsan.

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