Hervé Bourges, une vie sur les chemins d’une Afrique multiple
Hervé Bourges, décédé dimanche à l’âge de 86 ans, a toujours maintenu un lien étroit avec le continent africain.
L’Afrique fut sans doute le vrai fil conducteur de sa vie, ce continent qui le vit naître à la politique et à l’engagement militant pendant la guerre d’Algérie et auquel il a consacré son dernier livre, un Dictionnaire amoureux, paru en 2017. Le cancer contre lequel il luttait sans illusions depuis dix ans a fini par emporter Hervé Bourges, le 23 février, à l’âge de 86 ans.
Fils d’ingénieur, breton de naissance et nordiste de cœur, c’est à Témoignage chrétien, hebdomadaire de gauche, qu’Hervé Bourges entame sa carrière de journaliste. Appelé en Algérie, puis démobilisé en 1960, il prend fait et cause pour la lutte de libération. C’est là, sous le soleil ardent des indépendances, que Bourges se lie pour toujours avec l’Afrique.
Mémoire d’éléphant
Ce papivore compulsif, qui n’a jamais pêché par excès de modestie, a raconté sa vie avec talent dans De mémoire d’éléphant, paru en 2000. Membre du cabinet d’Edmond Michelet, alors Garde des Sceaux, conseiller d’Ahmed Ben Bella, fondateur de l’école de journalisme de Yaoundé, directeur de celle de Lille, patron de RFI, de TF1, de France 2, de Radio Monte-Carlo, ambassadeur auprès de l’Unesco, président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel, une douzaine de livres au compteur et, toujours, le continent, sans cesse revisité : 70 séjours dans la seule ville de Dakar.
Une Afrique multiple, un continent qui est à ses yeux « une origine, une référence, un concept, une humanité en marche »
Les occurrences de son Dictionnaire amoureux de l’Afrique le résument tout entier. Pangolin du Cameroun « cuisiné en ndomba », bières et abacost, Foccart et Boumediène, Nina Simone et Miriam Makeba, Zidane et Zao, Daoud et Awadi : le chef Bourges marie les profils sucrés ou épicés d’une Afrique multiple.
Un continent qui est à ses yeux « une origine, une référence, un concept, une humanité en marche ». Et comme la métaphore gustative n’était jamais loin chez ce grand sensuel, il ajoute : « Un fruit qui s’ouvre généreusement ».
Compagnon de route
De Jeune Afrique, avec qui il lui est arrivé de collaborer, Hervé Bourges disait que, fondé et dirigé par « un grand patron de presse », ce journal « en est venu à représenter une forme de conscience collective d’un continent entier ».
Après Claude Wauthier et Philippe Gaillard, ses amis et complices des quatre coins de l’Afrique et du journalisme, c’est donc un de nos compagnons de route qui vient de disparaître. Dernière note de requiem sortie du saxophone de Manu Dibango, en ce 23 février : « À toi mon vieux frère, je ressens une peine immense pour ton départ ».
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