[Tribune] Un vent d’espoir souffle sur la région des Grands Lacs
Le discours axé sur l’instabilité politique et les conflits dans la région des Grands Lacs cède désormais le pas à la rhétorique fondée sur le désir d’approfondir l’intégration économique régionale et le développement durable.
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Huang Xia
Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour les Grands Lacs
Publié le 25 février 2020 Lecture : 3 minutes.
Une nouvelle page de l’histoire de la région africaine des Grands Lacs est en train de s’écrire sous nos yeux. En dépit des défis persistants dont les manifestations sont fortement relayées par la presse et qui ne méritent pas qu’on y revienne, nous sommes aujourd’hui témoins de développements encourageants concernant la mise en œuvre des engagements régionaux et nationaux de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région.
On se réjouit aujourd’hui d’assister à un véritable changement de narratif dans la région. En effet, le discours naguère axé sur l’instabilité politique et les conflits cède désormais le pas à la rhétorique fondée sur le désir d’approfondir l’intégration économique régionale et le développement durable.
Quelques faits notables illustrent la marche résolue de la région vers la stabilité et le développement durables. D’emblée, on peut citer le transfert pacifique du pouvoir en RDC et notamment l’élection du président Félix Thisekedi, qui fait de la stabilisation de l’est de la RDC et la politique de bon voisinage ses priorités. À cet égard, tous les chefs d’État des pays de la région que j’ai eu l’honneur de rencontrer récemment m’ont assuré de leur engagement à soutenir cette ouverture diplomatique et cet élan nouveau de coopération.
Sécurité et État de droit
Les Nations unies appuient, par ailleurs, diverses initiatives visant à renforcer la sécurité et l’État de droit dans les pays de la région : le rapatriement des combattants désarmés, l’élaboration de programmes de réinsertion pour ceux-ci, la coopération entre services de renseignement, le renforcement de la coopération judiciaire et d’autres actions stratégiques visant à mettre les forces vives (femmes et jeunes notamment) au cœur de la résolution des conflits.
Sur le plan économique, mon Bureau salue et accompagne la nouvelle dynamique marquée, entre autres, par la revitalisation d’accords visant à relancer la mise en œuvre de grands projets d’infrastructures régionales structurantes, la demande d’adhésion de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’est (EAC) et l’augmentation récente de la production régionale d’énergies propres, même si la région reste encore bien loin de l’objectif de l’accès universel en énergie. Tous ces développements sont révélateurs d’un intérêt accru des leaders de la région à approfondir l’intégration économique régionale et faire face aux défis qui entravent son émergence.
Les Nations unies – qui ont joué un rôle majeur pour la signature, en 2013, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba -, comptent utiliser cet élan pour recentrer leurs actions et amplifier les résultats obtenus jusqu’ici.
Rétablir la confiance
À cet effet, au nombre des piliers qui structureront l’intervention de l’ONU dans cette région de l’Afrique, je voudrais en relever deux du fait de leur caractère stratégique. Il s’agit de la poursuite des bons offices du Secrétaire général pour éloigner la méfiance et rétablir la confiance entre dirigeants, et la promotion du développement économique pour adresser les causes profondes de l’instabilité et de la fragilité.
À cet égard, mon Bureau appuie cette année l’organisation et le suivi de deux actions stratégiques de la région qui se complètent harmonieusement : le Sommet des chefs d’État du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre, prévu cette année à Kinshasa, et la Conférence sur l’investissement et le commerce dans les Grands Lacs, prévue du 18 au 20 mars à Kigali.
La conférence sera le grand rendez-vous économique régional cette année. Dans le contexte du lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), elle réunira plus de 700 leaders politiques et économiques de la région et mettra l’accent sur l’investissement et le commerce transfrontaliers.
Elle offrira une plateforme pour promouvoir les opportunités d’affaires de la région qui dispose, sans aucun doute, du potentiel économique le plus important sur le continent. En effet, la région dispose de neuf grands lacs, ainsi que de ressources minières, forestières et bien d’autres encore sous-exploitées. La région des Grands Lacs est forte également d’une population jeune et dynamique et compte parmi les économies à plus forte croissance au monde.
Pour toutes ces raisons, les Nations unies appuient l’organisation de cette conférence de Kigali et espèrent que celle-ci sera un moment unique pour conclure des affaires qui favoriseront la gestion durable de ressources naturelles pour la prospérité partagée et l’intégration régionale.
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