Cinq axes de l’économie marocaine passés au crible de l’économiste en chef d’Allianz
L’économie marocaine devrait connaître un léger ralentissement cette année et n’atteindre que les 2 % de croissance en raison des incertitudes extérieures, d’après Ludovic Subran, chef économiste et directeur de la recherche économique du groupe Allianz. Ce dernier n’hésite pas à se montrer critique à l’égard des banques marocaines notamment.
Lors d’une table ronde organisée à Casablanca, l’économiste en chef du groupe d’assurance Allianz a balayé divers points de l’économie du Maroc et souligné les défis qui l’attendent. Ce dernier a notamment porté un regard critique sur les banques marocaines.
Pour Ludovic Subran, les conditions d’accès aux crédits sont encore restrictives et le programme d’appui aux TPE lancé par le gouvernement début février devrait remédier à cela.
« Pendant plusieurs années, je disais aux banques qu’elles ne faisaient pas leur travail. Que les banques marocaines, était tout sauf des banques mais des caisses d’épargne. Elles prêtaient aux grandes entreprises, mais ne jouaient pas véritablement leur rôle de financement de l’économie », a entamé Ludovic Subran. Avant de s’étonner de la rapidité avec laquelle un tel programme d’appui a pu être mis en place.
Véritable contrainte à l’accompagnement des PME
Grâce à ce nouveau programme d’appui et de financement aux TPE et PME, les banques sont désormais tenues d’accompagner les entreprises pour mener à bien ce chantier.
« Cela montre que le Maroc a compris l’esprit du temps. Il y a quinze ans, on aurait créé une grande agence nationale pour la promotion et l’accès au crédit des TPE/PME. Aujourd’hui, l’idée est d’influencer les acteurs du secteur privé. Cela montre qu’on est dans un niveau d’exigence élevé », ajoute ce chercheur en macroéconomie.
>>> Lire aussi notre dossier : Au Maroc, une libéralisation du crédit pour booster l’entrepreneuriat <<<
Taux d’intérêts élevés
Il estime par ailleurs que les taux généralement pratiqués par les banques restent élevés. Les taux lancé par le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, dans le cadre du programme d’appui aux PME sont intéressants, mais ils sont plafonnés.
« Dès que vous dépassez ce plafond, vous retombez dans les taux ordinaires, qui sont relativement chers. Il faudrait donc absolument gérer les effets de seuil et ne pas passer de 2 % à 4,5% », explique Ludovic Subran qui conseille aux banques de lisser les taux dans la durée. Autrement, le risque d’impayé reste très élevé.
Politique monétaire plus inclusive
Ludovic Subran a fini par saluer le travail de la banque centrale du Maroc. Il a par ailleurs donné raison aux autorités marocaines concernant l’élargissement des bandes de fluctuation du dirham.
« La politique monétaire marocaine, via des actions ciblées sur les petits acteurs économiques, va se montrer plus inclusive sur le plan intérieur, sans sacrifier les enjeux liés à sa crédibilité sur le plan extérieur », conclut l’économiste d’Allianz.
- Croissance faible mais exportations en hausse
En parlant de l’économie dans sa globalité, Ludovic Subran se montre peu optimiste pour le Royaume. Il s’attend à une croissance faible qui ne dépassera pas les 2 %, à cause d’un ensemble d’incertitudes extérieures.
« Face aux difficultés de ses principaux partenaires économiques, le Maroc va devoir compter sur ses propres forces pour atteindre également un rythme modéré de croissance », estime-t-il.
Pour lui, la zone euro ne devrait pas faire mieux que 0,9 % cette année et la France, l’un des principaux partenaires commerciaux du Maroc, devrait bénéficier d’une croissance timide de l’ordre de 1 %, dans le meilleur des cas.
Les exportations du Maroc en 2020 devront augmenter d’au moins 10 milliards de dirhams (945 millions d’euros), selon les analystes d’Allianz. Ludovic Subran justifie ceci par la reprise attendue en Espagne, qui croît plus vite que la moyenne de la zone euro et qui a mis en place des mesures capables de soutenir la consommation interne.
- De nouvelles mesures pour booster la consommation
L’économiste en chef du numéro 1 mondial de l’assurance souligne que le gouvernement marocain devrait donner la priorité aux dépenses liées à l’éducation, la santé, aux infrastructures et au soutien du pouvoir d’achat des ménages. Un ensemble de mesures qui devraient booster la consommation des ménages, grâce au niveau d’inflation qui reste très faible (1,1 %).
Le déficit public devrait, quant à lui, se maintenir aux alentours de 3,5 % du PIB en 2020. « Les récentes orientations budgétaires de l’État, au-delà du soutien de la demande à court-terme, vont contribuer à pérenniser les réformes structurelles sur le long terme », estime Ludovic Subran.
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