3 questions à Ibrahim Malloum

Ancien président de la CotonTchad, vice-président de l’Association cotonnière africaine (ACA). Actuel directeur commercial du groupe Vilgrain.

Publié le 21 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Le marché mondial actuel est-il favorable aux sociétés cotonnières africaines ?
ibrahim malloum : Les prix sont nettement plus corrects qu’il y a un an, lorsqu’ils affichaient péniblement 34 cents la livre. Nous sommes aujourd’hui autour de 70 cents. C’est mieux, mais la robustesse de l’euro par rapport au dollar ne permet pas aux sociétés de la zone franc de garder la tête hors de l’eau. Le taux de change fait désormais plus de dégâts que les subventions américaines. Les sociétés d’autres pays, notamment au Ghana, au Nigeria ou en Afrique de l’Est, ne connaissent pas ces problèmes. Deuxièmement, la crise que nous venons de connaître, ajoutée aux conditions climatiques, n’incite pas les producteurs à cultiver. Depuis plusieurs années, nous assistons à une baisse du prix aux producteurs, qui répond elle-même à celle de la moyenne des prix mondiaux. Or les prix des intrants n’ont pas bougé. Il y a une forte corrélation entre les baisses de rémunération et de production. Elle est assez parlante au Burkina. La détérioration des termes de l’échange apparaît dans son expression la plus brutale dans la filière cotonnière.

Le rachat d’actifs par les sociétés du secteur oléagineux implique-t-il de nouvelles approches dans le coton ?
Il ne faut pas se leurrer. Le coton est cultivé pour sa fibre. 90 % de l’activité réside dans l’égrenage et la commercialisation. On ne peut tout axer sur les oléagineux. La filière est plus rentable, mais elle suppose une bonne production de coton-graine pour obtenir suffisamment d’activité. Or la baisse de production attendue en 2007-2008 aura des répercussions directes sur les sociétés de ce secteur.

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L’avenir passe-t-il nécessairement par une diversification ?
Elle est absolument nécessaire, même s’il ne faut pas perdre l’essentiel. Il faut financer la recherche afin d’obtenir de meilleures variétés, plus résistantes. On ne peut baser toute une stratégie sur les cotons équitable ou biologique, qui ne représentent que 10 000 tonnes. L’OGM a plus d’avenir. Sur ce point, l’augmentation de rendement en Afrique du Sud, aux États-Unis ou en Chine est indiscutable, et a permis de réduire les volumes d’intrants. L’Afrique ne peut faire l’économie d’une telle évolution. Mais cette technologie doit être maîtrisée.

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