Génocide des Tutsi au Rwanda : « Nous sommes excédés par les lenteurs de la justice française »

Le procès de Claude Muhayimana, accusé de « complicité par aide et assistance » de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, s’ouvrira aux assises de Paris en septembre prochain. Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, à l’origine de la plainte, revient sur les enjeux de ce troisième procès en France en lien avec le génocide des Tutsi.

Alain et Dafroza Gauthier, à leur arrivée au tribunal de Paris, le 10 mai 2016. © Francois Mori/AP/SIPA

Alain et Dafroza Gauthier, à leur arrivée au tribunal de Paris, le 10 mai 2016. © Francois Mori/AP/SIPA

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Publié le 2 mars 2020 Lecture : 4 minutes.

Claude Muhayimana comparaîtra devant la cour d’assises de Paris du 29 septembre au 23 octobre prochain. C’est la troisième fois qu’un procès en lien avec le génocide des Tutsi se déroulera en France.

Il y avait d’abord eu celui de Pascal Simbikangwa, condamné en appel à 25 ans de prison pour génocide et complicité de crime contre l’humanité en décembre 2016. Ce premier procès historique avait été suivi de celui Tito Barahira et Octavien Ngenzi, deux anciens bourgmestres, qui avaient eux été condamnés en appel à la réclusion à perpétuité en juillet 2018 pour génocide et crime contre l’humanité.

Le renvoi devant la justice française de Claude Muhayimana, un ancien chauffeur de la région de Kibuye, dans l’ouest du Rwanda, qui vivait à Rouen depuis son arrivée en France fait suite à une plainte déposée en 2013 par le Collectif des parties civiles pour la Rwanda (CPCR). Fondée en 2001 par Alain et Dafroza Gauthier, surnommés les « Klarsfeld du Rwanda », cette organisation traque depuis 2001 les personnes réfugiées en France qui sont soupçonnées d’avoir joué un rôle lors du génocide.

Claude Muhayimana sera notamment défendu par Me Philippe Meilhac. L’avocat s’est dit convaincu que le procès permettrait de faire reconnaître l’innocence de son client, qu’il a décrit à l’AFP comme « un simple citoyen qui s’est trouvé au cœur du chaos ».

Alain Gauthier, cofondateur du CPCR, revient pour Jeune Afrique sur cette affaire et sur les nombreux autres dossiers en cours d’instruction en France.

Jeune Afrique : Claude Muhayimana est accusé de « complicité par aide et assistance » pour des « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». Que lui reproche la justice française ?

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Alain Gauthier : Claude Muhayimana a été le chauffeur de la Guest-House de Kibuye, dans l’ouest du Rwanda. Il est accusé d’avoir assuré le transport de miliciens sur les lieux de certains massacres, sur les collines de Karongi, Bisesero et Gitwa. Il est aussi accusé de complicité dans l’attaque de l’école de Nyamishaba, en avril 1994.

À chaque fois, ce sont pour des faits de complicité qu’il est poursuivi. Mais nous avons l’intention de contester cet acte d’accusation, ce que nous n’avons pas eu l’opportunité de faire jusque-là. Par exemple, il n’est pas poursuivi pour le massacre de l’église de Kibuye ni pour celui commis au stade de Gatwaro, les juges d’instruction ayant accepté son alibi pour ces deux épisodes. À l’occasion du procès de Pascla Simbikangwa, les faits avaient été requalifiés ; nous verrons ce qu’il en est dans cette procédure.

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