Mohammed VI : l’économie, c’est lui
Du plan Émergence au TGV Tanger-Casablanca, en passant par les énergies renouvelables, Mohammed VI est à l’initiative de tous les grands projets.
Mohammed VI est le vrai pilote de l’économie marocaine. Sans jamais apparaître au premier plan, c’est lui qui l’oriente vers la modernisation et la mondialisation en pratiquant une sorte de colbertisme mâtiné de libéralisme.
Projets
Depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, « il s’efforce de faire la synthèse entre une politique de l’offre et une politique de la demande », explique Abdelali Benamour, président du Conseil de la concurrence. Cette posture lui permet de rassurer les investisseurs étrangers sans s’aliéner une population toujours pauvre.
Les plans Azur et Émergence, c’est lui. Les grands travaux, c’est lui. Les « métiers mondiaux du Maroc », c’est encore lui. La conversion des islamistes du Parti de la justice et du développement au TGV Tanger-Casablanca ou à la réduction des subventions aux produits énergétiques, c’est toujours lui. Quand, le 18 février, il entame avec une suite de chefs d’entreprise et de banquiers une tournée qui le conduit au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Gabon, aucun doute n’est permis : le roi signifie aux acteurs économiques marocains qu’il les veut de plus en plus présents en Afrique subsaharienne.
Non seulement pour y gagner de l’argent, mais aussi pour contribuer à la réalisation de ses objectifs, à savoir : contenir le terrorisme et l’islam radical, mais aussi remettre le Maroc en selle au sein de l’Union africaine.
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Virage
« Mohammed VI conduit une stratégie de changement graduel, adaptée aux mentalités des Marocains et au rythme souhaité par la société », analyse Driss Guerraoui, secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental. En 2011, les contestations gagnent le Maroc et, lorsque les manifestants du Mouvement du 20-Février scandent à l’adresse du roi : « La fortune ou le pouvoir ! » ils se réfèrent à la Société nationale d’investissement (SNI), holding royal qui possède une bonne part du capital de grandes entreprises marocaines produisant des denrées de première nécessité, donc socialement sensibles.
En réponse à cela, le souverain accélère le virage entamé dès 2010 avec la fusion ONA-SNI. Cette dernière se retire progressivement de l’agroalimentaire pour se consacrer aux secteurs de la banque, des mines, de l’immobilier, des télécoms, de la grande distribution et, bien sûr, des énergies renouvelables, dont le gouvernement espère qu’elles permettront au Maroc de produire 42 % de l’énergie qu’il consommera en 2020. Là encore, le roi donne l’exemple… et le capital.
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