Paris revient sur sa promesse

Chirac avait promis de porter l’aide publique au développement à 0,7 % du PIB d’ici à 2012. Un engagement dont son successeur s’est libéré.

Publié le 21 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Nicolas Sarkozy n’en a pas fait mystère lors du dernier Sommet du G8. En annonçant qu’il ne pourrait satisfaire les engagements pris par son prédécesseur de porter l’aide publique au développement (ADP) de la France à 0,7 % du PIB en 2012, le président n’a fait qu’entériner les tendances de la loi de finances 2008. Discuté devant l’Assemblée nationale, le 7 novembre, le budget APD montre de sérieux signes de faiblesse. Après avoir connu une hausse ininterrompue depuis 2002, la plupart des indicateurs stagnent ou repartent à la baisse, à commencer par les crédits de paiement. Alors que l’aide globale se situera à 7,8 milliards d’euros – soit 0,42 % du PIB, contre 0,47 % en 2007 -, ces crédits, qui représentent les dotations réelles, ne s’élèveront qu’à 3,106 milliards, contre 3,108 milliards l’an dernier. Avec 5,1 milliards, contre 6,3 en 2006, l’aide bilatérale subit la plus forte érosion. Comme pour les précédents exercices, le reste du budget sera en grande partie alimenté par les annulations de dette à hauteur de 1,5 milliard.

Les chiffres du volet « codéveloppement » du ministère dirigé par Brice Hortefeux sont plus éloquents. Créée cette année, cette cellule ne disposera que de 29 millions d’euros en crédit de paiement, dont 5 millions consacrés aux aides à la réinstallation des migrants dans leurs pays d’origine. Une somme « insignifiante », selon de nombreux observateurs, pour impulser « une vraie politique au service du développement des pays africains ». Si la France ambitionne 25 000 « retours non volontaires » par an, en d’autres termes des expulsions, seulement 700 retours volontaires sont programmés pour 2008. Les intéressés pourront bénéficier d’une allocation de 7 125 euros afin, notamment, de créer une entreprise. Par ailleurs, la France envisage de financer des projets collectifs de codéveloppement : trente au total. Vingt et un millions d’euros seront en outre consacrés à des projets destinés à maintenir les émigrants potentiels dans leurs pays. Une enveloppe censée couvrir 28 pays, dont 25 sur le continent, et s’adresser à 550 millions d’habitants.
Ce coup d’arrêt à l’augmentation de l’aide a soulevé de vives inquiétudes dans les milieux associatifs, qui dénoncent la France, dernier pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) par le budget transitant via le canal des ONG : 1 % de l’aide globale, contre 8 % pour le Royaume-Uni ou l’Allemagne. « À l’examen des chiffres, il est clair que l’APD ne constitue pas une priorité pour le gouvernement », estime le rapporteur spécial de ce budget, Henri Emmanuelli. Et de dénoncer les « artifices » qui surestiment les dépenses ne participant pas au développement : budgets affectés aux territoires d’outre-mer, enveloppe liée aux réfugiés ou encore frais d’écolage (coût de l’enseignement offert aux étudiants originaires de pays en développement), qui représenteront 893 millions en 2008.

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