Libye – Abdulhadi Lahouij : « Il est temps que les Européens retirent leur reconnaissance au gouvernement de Sarraj »
Après l’échec de plusieurs initiatives diplomatiques, les positions des différentes parties libyennes paraissent moins compatibles que jamais. A l’occasion de son passage à Paris, le ministre libyen des Affaires étrangères du gouvernement de l’Est (pro-Haftar), Abdulhadi Lahouij, fait le point avec JA.
Abdulhadi Lahouij, le ministre des Affaires étrangères libyen du gouvernement libyen dit d’intérim (pro-Haftar) s’est de nouveau arrêté à Paris – sa troisième visite en moins d’un an – lors d’une courte tournée européenne. Il revient de Genève, où se jouent actuellement des négociations difficiles entre parties libyennes pour l’obtention d’un cessez-le-feu durable.
Jeune Afrique : Pourquoi les négociations autour d’un cessez-le-feu à Genève sont-elles suspendues ?
Abdulhadi Lahouij : Il y a plusieurs obstacles. Notre objectif n’est pas de prendre une belle photo mais de trouver une solution durable à la crise. Et pour résoudre une crise, il faut que toutes les parties soient réunies. Or comment parler de participants « indépendants » alors que le pays est divisé (une liste d’hommes politiques indépendants de Tripoli doit participer aux négociations à Genève, ndlr) ?
La Chambre des représentants (basée à Tobrouk et favorable à Haftar, ndlr) a choisi 13 représentants pour ces négociations, mais malheureusement, certains de ces représentants ont été acceptés et d’autres non, sans que l’on sache qui a pris cette décision. Nous insistons pour qu’ils participent tous, car ils représentent le peuple libyen. Nous ne voulons pas reproduire ce qui s’est passé après les négociations de Skhirat, Paris, Palerme, Abou Dhabi, etc.
Quelles sont les conditions de votre gouvernement pour le cessez-le-feu ?
Nous ne voulons pas de cessez-le-feu, nous voulons la fin de la guerre. Nous voulons le retour à une vie normale. Nous sommes pour le désarmement des milices et leur démantèlement, et pour que notre pays cesse d’être une source d’inquiétude et de troubles pour nos voisins et les pays du Nord de la Méditerranée. Mais aujourd’hui, avec quel partenaire pouvons-nous discuter ?
Il est exclu pour nous de négocier avec des vétérans de l’Afghanistan, ou des gens qui ont tué des Libyens à Benghazi ou à Derna
Il est exclu pour nous de négocier avec des vétérans de l’Afghanistan, ou des gens qui ont tué des Libyens à Benghazi ou à Derna et qui se trouvent aujourd’hui à Tripoli. Nous n’avons aucun problème ni avec Tripoli ni avec les Libyens. Ils sont des nôtres et nous les respectons, qu’ils nous soutiennent ou non. Nous ne voulons pas d’une solution provisoire qui donnera l’occasion aux milices de se réorganiser.
Bien s’informer, mieux décider
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