Monsieur théâtre

Figure incontournable de la scène tunisienne, Mohamed Driss lance le 30 novembre la XIIIe édition du festival.

Publié le 21 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Qui, dans la profession, ne connaît pas Mohamed Driss ? Nommé pour la deuxième année consécutive directeur des Journées théâtrales de Carthage (JTC) qui ont lieu du 30 novembre au 8 décembre, ce personnage flamboyant, unique, conserve à 64 ans des allures de jeune homme, arborant des écharpes brodées et des vestes de dandy, fixant sur ses contemporains des yeux bleus de gamin intelligent et naïf. L’homme de théâtre, menu par la taille et grand par l’uvre, n’a certes pas été parfait, ayant essuyé de nombreuses critiques, parfois justifiées. Mais quel créateur peut jouer sans dégât à l’administrateur ? Quel artiste rêveur peut s’essayer sans ratage au métier d’organisateur ?
Pour autant, Driss peut continuer sans dommage une uvre commencée il y a plus de quarante ans et qu’aucun accident de parcours n’est venu ternir. Celui qui, à 20 ans, est pris en charge par des hommes de culture de la trempe de Tahar Guiga et de Chedli Klibi pour entrer en scène fera du théâtre sa demeure définitive. Il s’échinera à militer pour un spectacle de proximité et à défendre la langue tunisienne. Initiateur parmi les plus importants du théâtre scolaire dans les années 1960, puis du théâtre universitaire, il fait de la formation un pilier de son travail, jouant le rôle de promoteur et de révélateur, mettant sur orbite de nombreux talents et carrières : « Je suis un développeur par essence, se définit-il à juste titre. Je ne construis pas des maisons, mais des théâtres que je laisse à d’autres. » Entendez la fondation du Théâtre amateur, du Centre d’art dramatique, la formation du Ballet national, avant que le théâtre lyrique ne devienne son nouveau chantier.
Lorsqu’on lui confie la direction du Théâtre national, il y a une dizaine d’années, c’est un tas de ruines situé en pleine médina. Aujourd’hui, c’est une salle de spectacle, un haut lieu de création où Driss travaillera pendant six ans avec des sourds, afin de monter Récit, une pièce avec laquelle il fera le tour de l’Europe et qui sera donnée au Congrès mondial des sourds à Montréal.
On lui doit également le Centre des arts du cirque, qui sera édifié sur les anciens abattoirs de Tunis. D’autres projets ? Bien sûr : « Je suis loin d’être usé, répond Driss. Je dirige des jeunes, je bouge, c’est ma vie. On ne demande pas à un oiseau s’il est fatigué de voler ! » Bon vent pour la treizième session des JTC !

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