Mohamed Bacar
Président de l’île d’Anjouan (Comores)
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Le spectre d’un embargo maritime et aérien – deuxième phase des sanctions de l’Union africaine (UA) – plane sur Anjouan. Le 10 juin, le colonel Mohamed Bacar a été réélu président de l’exécutif insulaire à l’issue d’un scrutin contesté par l’UA et les autorités fédérales de l’Union des Comores. Il refuse obstinément d’organiser une nouvelle consultation. Les relations entre le pouvoir central et l’île rebelle sont à ce point dégradées que le chef de l’État, Ahmed Abdallah Sambi, est interdit de séjour à Mutsamudu. Lors de sa réunion du 10 octobre à Addis-Abeba, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a donc décidé de sanctionner les autorités insulaires : restrictions des déplacements des dirigeants et gel de leurs avoirs financiers à l’étranger pendant quarante-cinq jours. À l’issue de cette période, l’UA a annoncé qu’elle pourrait procéder au blocus du territoire. Pour sa part, Bacar appelle à des discussions intercomoriennes pour régler la crise institutionnelle.
Jeune Afrique : Comment réagissez-vous aux sanctions de l’Union africaine ?
Mohamed Bacar : Je suis indigné. En dépit de sa pauvreté, notre pays a toujours vécu en paix. Nous pensions que l’UA allait nous aider à préserver cette paix, plutôt que de contribuer à la guerre.
Ayant participé aux négociations pilotées par l’UA, pourquoi remettez-vous en cause sa médiation ?
Ce n’est pas la première fois que l’UA intervient aux Comores. À chaque fois, elle a tenté de nous imposer des recettes qui n’ont jamais marché jusqu’ici et ne marcheront jamais. Il est grand temps que les Comoriens se retrouvent autour d’une table.
Votre offre de dialogue a été rejetée par l’UA et par Moroni
Si le président Sambi refuse le dialogue, c’est son problème. Il n’y a que lui qui s’y oppose. Avec ou sans lui, les Comoriens doivent pouvoir se dire la vérité en face.
Francisco Madeira, l’envoyé spécial de l’UA aux Comores, a déclaré que « quelque chose doit être cassé »
Ce sont des propos irresponsables. Cela fait longtemps qu’il est chargé du dossier comorien et rien n’a avancé. Cette déclaration montre, une nouvelle fois, qu’il n’est plus neutre. Quand l’UA se décidera à le remplacer, on aura résolu une partie du problème.
Comment vous préparez-vous à l’éventualité d’un embargo maritime et aérien ?
Dans le passé, Anjouan a déjà subi un embargo. Cela ne nous fait plus ni chaud ni froid. Ceux qui décident sont libres d’employer la force pour résoudre la crise. Mais ils devront assumer les conséquences de leurs actes.
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