[Tribune] Sahara occidental : une discorde inutile

Depuis l’ouverture de consulats africains à Laâyoune et Dakhla, on assiste à un regain de tension entre le Maroc et l’Algérie. Analyse d’Hubert Seillan, avocat au Barreau de Paris, qui estime que ce contentieux est aujourd’hui obsolète.

Les Marocains brandissent leur drapeau national dans la rue de Laayoune, au Sahara occidental, en novembre 2015. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Les Marocains brandissent leur drapeau national dans la rue de Laayoune, au Sahara occidental, en novembre 2015. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Hubert Seillan
  • Hubert Seillan

    Avocat au Barreau de Paris et auteur de l’ouvrage « Le Sahara marocain, l’espace et le temps » (La Croisée des Chemins, 2019)

Publié le 28 février 2020 Lecture : 3 minutes.

Un contentieux d’un autre âge, dont on pouvait penser qu’il n’avait plus de racines vivantes, vient de resurgir le 20 février. La Côte d’Ivoire ayant, à la suite de cinq autres États africains, installé à Laâyoune, un Consulat général, le ministère des Affaires étrangères algérien a émis de vives critiques à son égard, qualifiant de « sibyllins et insidieux » les propos tenus le 18 février, par le ministre de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’étranger, lors de l’inauguration officielle. S’il voulait dire qu’ils étaient énigmatiques ou obscurs, les us et coutumes de la diplomatie auraient pu l’accepter. Mais dans insidieux il y a tromperie, sournoiserie, embûche et piège, ce qui traduit une détermination conflictuelle.

Désarroi face à l’influence du Maroc en Afrique

Ce choix des mots illustre le désarroi du pays légal confronté à l’influence du Maroc en Afrique, alors que lui-même doit faire face à des phénomènes multiples de dissidence civile. Le mouvement de reconnaissance de la marocanité du Sahara de l’Ouest, dit « occidental », s’est en effet traduit en 2019 par la création de Consulats généraux sur le territoire. Outre la Côte d’Ivoire, il s’agit du Gabon, de la Gambie, de Sao Tomé et Principé, de La Centrafrique et de la République des Comores. L’aspect politique de ces décisions n’a pas pu échapper à un gouvernement algérien aujourd’hui isolé sur la question du statut du Sahara.

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Lors de la cérémonie d’inauguration du consulat à Laâyoune, le ministre avait affirmé que cet acte «ne doit pas donner lieu à une polémique», puisque la Côte d’Ivoire «n’a jamais fait de mystère» de son soutien à la marocanité du Sahara occidental. « Ouvrir un consulat général dans cette région stratégique à vocation internationale indéniable s’inscrit donc dans l’ordre normal des choses », avait-il ajouté.

Ce mouvement d’humeur n’aura aucun effet, car le conflit du Sahara est vu aujourd’hui dans le monde comme une construction artificielle

Ce mouvement d’humeur n’aura bien évidemment aucun effet, car le conflit du Sahara est vu aujourd’hui dans le monde, et plus encore en Afrique, comme une construction artificielle datant d’une époque où l’Union soviétique finançait les nouveaux États issus des mouvements de décolonisation et exerçait un magistère sur les idéologies socialistes et tiers-mondistes. Le Maroc, qui n’a jamais subi cette influence, était dès lors vu comme un ennemi à abattre et il fut qualifié d’occupant colonial. Ce contexte n’est plus. Ces idéologies extrêmes ne sont plus à même de façonner les réalités :  l’Afrique est aujourd’hui consciente qu’elle a été un laboratoire expérimental et qu’elle en a été souvent la victime plus que la bénéficiaire.

Un Sahara marocain en paix

Que voit-elle alors aujourd’hui qu’elle est libre ? Un Sahara marocain en paix. Une population qui profite du développement exponentiel du territoire. Une pratique démocratique, gage de progrès économique, social et culturel.

Cette discorde est sans portée sur  la dynamique irréversible de reconnaissance de la marocanité du territoire

Sur la question saharienne, le gouvernement Algérien n’avance plus caché derrière le mouvement « Polisario » ou encore la nébuleuse « république arabe sahraouie démocratique ». Il ne le pouvait plus car il est notoirement connu que l’ensemble est divisé, que certaines de ses composantes s’opposent au régime, que des manifestations ont lieu régulièrement dans les camps de Tindouf, qui dénoncent à la fois, la disparition à Alger en 2009, d’Ahmed El Khalil, un de ses principaux dirigeants, et les conditions misérables de vie et le crime organisé.

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Souhaitons que cesse au plus vite cette discorde inutile, car elle est sans portée aucune sur la dynamique irréversible de reconnaissance de la marocanité du territoire.

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