Les risques d’une fusion

Le rachat de Rio Tinto par BHP Billiton donnerait naissance à un géant capable d’imposer sa loi, particulièrement sur le continent.

Publié le 21 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Marius Kloppers, le nouveau patron de BHP Billiton, n’aura pas perdu de temps. Un mois après sa nomination à la tête du groupe minier anglo-australien, qui a réalisé 39,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 10,4 milliards de bénéfices en 2006, ce Sud-Africain a lancé une offre sur Rio Tinto et ses 25,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 7,8 milliards de profit. Après avoir essuyé dans un premier temps une fin de non-recevoir, le leader mondial s’est montré plus précis, le 12 novembre.
Outre l’échange de trois actions BHP Billiton contre une action Rio Tinto, soit une valorisation à 138,1 milliards de dollars, Kloppers a promis d’acheter des titres Rio Tinto pour 30 milliards de dollars aussitôt la fusion acquise. Cette proposition est censée séduire les actionnaires désireux d’encaisser du « cash » dans cette opération. Pour autant, même si BHP Billiton estime à 3,7 milliards de dollars les économies annuelles réalisées grâce aux synergies et affirme avoir étudié la délicate question des lois nationales antitrust et des problèmes liés à la concurrence, son offre devra probablement être nettement revue à la hausse pour être acceptée.
Marius Kloppers, déjà à l’uvre en 2001 lors la fusion entre l’australien BHP et l’anglo-sud-africain Billiton, est un homme tenace. En cas de victoire, il sera à la tête d’un véritable mastodonte dont la capitalisation dépassera les 350 milliards de dollars et qui, selon les estimations, contrôlerait 38 % du marché mondial du minerai de fer, plus de 25 % pour l’aluminium et le charbon, et autour de 15 % pour l’uranium et le cuivre. De quoi imposer ses conditions, notamment en Afrique, faute de concurrents capables de lutter. Et aussi en l’absence d’États en mesure d’équilibrer le rapport des forces, si ce n’est l’appétit grandissant des opérateurs chinois.
Aujourd’hui, BHP Billiton et Rio Tinto opèrent dans une vingtaine de pays (voir carte). Avec le rachat d’Alcan, en octobre dernier, pour 37,1 milliards de dollars, le numéro trois mondial a littéralement dopé son positionnement en Afrique, notamment dans l’aluminium : de la Guinée au Maroc en passant par le Cameroun, l’Égypte ou bien encore le Congo-Brazzaville.

L’Afrique possède 30 % des réserves mondiales de minerais
Si la fusion est menée à terme, le nouvel ensemble pèsera donc très lourd. Plus largement, dans un secteur où les rachats se sont multipliés depuis deux ans, cette nouvelle tentative de prise de contrôle envoie un message clair au marché : aucun groupe minier n’est désormais à l’abri d’une tentative d’acquisition. Y compris le géant britannique d’origine sud-africaine AngloAmerican, dont la présence en Afrique est aussi extrêmement importante. Avec 30 % des réserves mondiales de minerais, le continent a tout pour séduire.

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