Cameroun : Emmanuel Macron calme le jeu avec Paul Biya, après une semaine sous tension
Les présidents français et camerounais « se sont accordés sur la nécessité d’une enquête impartiale » sur les violences commises dans la province du Nord-Ouest, après un échange téléphonique entre les deux chefs d’État, dimanche.
Exit les déclarations controversées d’Emmanuel Macron qui avaient mis le feu aux poudre le 22 février dernier en promettant de mettre « le maximum de pression » sur Paul Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ». Du coté des autorités françaises, l’heure est visiblement à l’apaisement.
Le communiqué laconique publié par le service de presse de l’Élysée traduit la volonté affichée par la France de faire baisser la tension qui était montée d’un cran dans les relations entre Yaoundé et Paris au cours des sept derniers jours.
Au cours de leur échange téléphonique, Paul Biya et Emmanuel Macron se sont ainsi « accordés sur la nécessité d’une enquête impartiale en réaction aux violences commises contre des populations civiles dans le village de Ngarbuh, dans la province du Nord-Ouest ». Une concession moindre pour Yaoundé qui a récemment prescrit l’ouverture d’une enquête.
Soutien de poids
Plus loin, le même communiqué indique que « les deux présidents ont convenu de rester en contact sur le suivi des initiatives politiques issues du grand dialogue national« , sans jamais évoquer la question des prisonniers politiques ni celles des négociations avec les sécessionnistes, deux tabous pour Yaoundé.
Emmanuel Macron avait pourtant assuré au leader de la Brigade anti-sardinards (BAS) Calibri Calibro, qui l’avait interpellé sur ce sujet, qu’il en parlerait au président camerounais. « Je vais appeler la semaine prochaine le président Paul Biya et on mettra le maximum de pression pour que la situation cesse », avait déclaré le chef de l’État français au sujet du massacre de Ngarbuh.
Le retour aux usages diplomatiques du président français est-il lié à la vive réaction des autorités camerounaises, qui ont usé de tous les moyens pour faire entendre leur mécontentement ? Difficile d’être affirmatif. Le bruit des chants des « jeunes badauds » qui ont battu le pavé devant l’ambassade de France, le 24 février, pour dénoncer les propos d’Emmanuel Macron, sont néanmoins parvenus au sommet de l’État à travers un rapport détaillé, qui, selon nos sources, a été transmis au Quai d’Orsay, le siège de la diplomatie française.
Au vue de la tempérance d’Emmanuel Macron, Yaoundé devrait ainsi conserver un soutien de poids dans l’interminable crise qui l’oppose aux séparatistes anglophones, et gagner encore du temps face aux acteurs internationaux qui souhaitent un dialogue direct avec les leaders de ce mouvement, actuellement incarcérés. Une bouffée d’oxygène, dans un contexte où les violences continuent de faire de nombreuses victimes civiles.
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