Doudou, l’imprécateur
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A 66 ans, Doudou Diène n’a rien perdu de son intransigeance, ni de ses convictions. Ce diplomate sénégalais, docteur en droit, diplômé de Sciences-Po Paris et fonctionnaire international depuis trente ans, n’a pas hésité, le 7 novembre, à dire tout haut ce que beaucoup d’Africains ont ressenti en écoutant le désormais célèbre « discours de Dakar » prononcé le 26 juillet dernier par le président français Nicolas Sarkozy. Il l’a dit avec ses mots à lui, qui ne sont pas tendres, et de la plus médiatique des tribunes, celle de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York.
Doudou Diène s’y exprimait en tant que rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie. Pour lui, le « discours de Dakar » s’inscrit « dans une dynamique de légitimation intellectuelle du racisme » et présente plus que des apparentements avec les récentes déclarations du Prix Nobel américain James Watson « sur l’infériorité intellectuelle des personnes d’ascendance africaine ». Sur sa lancée, Diène s’en est également pris au projet de loi français sur les tests ADN, qui constitue à ses yeux « une illustration de la stigmatisation de l’immigré ». Le représentant de la France ayant jugé son intervention « infondée et irresponsable », le rapporteur spécial a enfoncé le clou : « Il est essentiel, a-t-il ajouté, que le président français Nicolas Sarkozy sache que le discours de Dakar a causé une blessure profonde. Dire devant des intellectuels africains qu’ils ne sont pas entrés dans l’Histoire s’inspire des écrits racistes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. »
Émanant d’un spécialiste du dialogue interreligieux, auteur en 2005 d’un rapport très remarqué sur le déroulement calamiteux de l’élection présidentielle togolaise, que l’on a entendu récemment dénoncer les dérives xénophobes en Suisse, en Belgique, en Russie ou ailleurs, et qu’il est difficile d’accuser de faire de sa position un fonds de commerce puisque, à l’instar de tous les rapporteurs spéciaux, il n’est pas un salarié de l’ONU (seuls ses frais sont remboursés), pareilles critiques mériteraient d’être regardées de près à l’Élysée – où l’on ne semble toujours pas avoir pris la mesure des effets pervers (et involontaires ?) dudit discours de Dakar.
Reste le débat. Doudou Diène est-il allé trop loin en mettant Nicolas Sarkozy sur le même plan qu’un James Watson ? Sans doute. Est-il sorti de son rôle en jouant ainsi les imprécateurs ? Peut-être. Fallait-il au contraire que quelqu’un mette le doigt sur la plaie et dise une fois pour toutes que ce discours fut une erreur ? Assurément. Êtes-vous pro-Diène ou pro-Sarkozy ? Écrivez-nous, nos colonnes vous sont ouvertes
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