Bienvenue dans la cité globale

Destination touristique haut de gamme, l’émirat prépare l’après-pétrole.

Publié le 21 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Un chiffre résume la success story de Dubaï : 1,4 million d’habitants, étrangers à 90 %. Supplantée par le négoce, le tourisme, les services et l’immobilier, l’industrie pétrolière a vu sa part dans le PIB (37 milliards de dollars en 2006) tomber à 6 % en 2006. Et elle devrait encore se réduire au cours des années à venir, car, sauf découverte inattendue, la ressource s’épuisera à l’horizon 2015-2020. Le nouvel eldorado du Golfe offre un exemple sans équivalent de diversification.
Tout commence à la fin des années 1960. Héritiers d’une vieille tradition commerçante, les dirigeants de l’émirat comprennent que la manne risque de se tarir rapidement et décident de mettre en valeur la position géographique de Dubaï en investissant dans les infrastructures portuaires. En 1979, le modèle de la zone franche est importé. Les activités portuaires connaissent un essor foudroyant. Dubaï se transforme en plate-forme mondiale de réexportation, en hub incontournable. Le tissu industriel se développe, en particulier la production d’aluminium : Dubal, première entreprise industrielle de l’émirat, a produit 850 000 tonnes de cet alliage en 2006.

En 1985, sous l’impulsion de Cheikh Mohamed Ibn Rached al-Maktoum (voir p. 48), fils cadet du ruler, Cheikh Rached, est créé l’aéroport international et la compagnie Emirates. Celles-ci vient d’annoncer la commande de plus de 140 appareils à Airbus et à Boeing pour un montant de 35 milliards de dollars. Hub portuaire, puis aérien, Dubaï affirme sa vocation touristique à partir de 1996 et le lancement du Festival international du shopping. Les ambitions initiales sont modestes : faire en sorte que quelques-uns des 8 millions de passagers en transit venus d’Europe, d’Afrique ou d’Asie séjournent deux ou trois jours dans la ville pour leurs emplettes dans les zones hors taxes, les duty free. Grâce à de bonnes vieilles recettes marketing – une tombola quotidienne permettant à l’heureux vainqueur de gagner un lingot d’or massif – le succès est au rendez-vous. Les autorités revoient leurs ambitions à la hausse et investissent dans l’hôtellerie. L’émirat crée la sensation en inaugurant le Burj al-Arab, établissement 7 étoiles, haut de 320 mètres, en forme de voilier. Deux ans plus tard, le monde découvre les projets d’îles artificielles en forme de palmier. De véritables oasis de la mer, qui abriteront des immeubles de standing, des hôtels, des marinas et des parcs de loisirs.
Dubaï devient une destination haut de gamme, qui accueille 6 millions de touristes par an et vise les 15 millions en 2015. Avec une clientèle à son image : cosmopolite. Obsolète, le modèle de la cité-entrepôt est abandonné au profit de la cité globale, inscrite au cur de la nouvelle économie, celle des services et de l’immatériel. Il s’agit de valoriser une marque, un label, celui de Dubaï, et son environnement propice aux affaires, caractérisé par une fiscalité minimale. À coups de milliards de dollars, les autorités ont lancé une zone franche dédiée à la finance, et deux autres, dédiées à Internet (Internet City) et aux médias (Media City). Plusieurs milliers de firmes internationales délocalisent vers ces territoires offshore et hors taxes. Les expatriés affluent. Cercle vertueux : chaque nouvelle implantation renforce la notoriété de l’émirat, accroît son rayonnement. D’autres secteurs de pointe comme l’industrie pharmaceutique, les nanotechnologies et les biotechnologies devraient connaître un essor similaire. Doté d’infrastructures ultramodernes, Dubaï ressemble maintenant à une ville futuriste, à mi-chemin entre Singapour et Las Vegas, située aux avant-postes de la mondialisation. Fréquemment cité en exemple, cet émirat n’en constitue pas moins un cas limite. Car l’expérience n’est sans doute pas transposable ailleurs

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