Ça bouge dans la banque
Publié le 21 novembre 2007 Lecture : 3 minutes.
« Les banques se portent bien en Afrique », tel est le constat de Patrick Sandouly, coordinateur du classement 2007 des plus grandes banques du continent paru dans le hors-série n° 16 de Jeune Afrique. Chiffres et analyses à l’appui, les nombreux auteurs de cette publication apportent la preuve des progrès accomplis au fil des années dans la plupart des pays par les banques nationales et étrangères. Mieux, ils dessinent les grandes tendances à venir avec la redistribution des cartes : restructurations, concentrations, fusions et acquisitions attisées par les grandes banques européennes et chinoises. Bref, un document incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à la gestion de l’argent sur un continent qui comptera 1 milliard d’habitants en 2010 et 2 milliards en 2050 et qui figure parmi les régions les moins bancarisées du monde. C’est dire le formidable potentiel de croissance économique – donc financière – dont dispose l’Afrique pour les prochaines décennies.
« Ça bouge enfin ! » s’exclame à juste titre le rédacteur en chef de ce hors-série, Jean-Dominique Geslin. Un hors-série qui est l’héritier d’une tradition bien installée dans le groupe Jeune Afrique. Comme le rappelle mon collègue, il en est à sa huitième édition, la première étant parue en novembre 2000. Sous ce format, oublie-t-il de préciser. Car le premier classement « historique » des banques africaines publié par le groupe J.A., sous forme de supplément, remonte à août 1984 : 60 banques avaient alors répondu à l’appel de la rédaction pour rendre publics leurs comptes annuels.
Pour des raisons pratiques, les hors-série limitent leur classement aux 200 premiers établissements, alors qu’ils reçoivent les données fiables pour 350 des 665 banques sollicitées. Résultat : pour entrer dans le classement, il faut avoir une taille minimum. Celle-ci évolue d’année en année en fonction de la croissance des actifs bancaires. Elle est passée de 150 millions de dollars en 2005 (classement 2006) à 250 millions en 2006 (classement 2007). La somme des actifs des 200 s’élevait à 772 milliards de dollars en 2006, contre 672 milliards en 2005. C’est plus de deux fois le montant cumulé des bilans des 200 banques au 31 décembre 2000.
Outre ces indicateurs globaux, le hors-série 2007 passe en revue l’évolution des marchés bancaires dans les principaux pays et sous-régions. Au Maroc, le duel entre Attijariwafa Bank et le Groupe des banques populaires fait l’actualité. C’est le succès ou non de leur stratégie de croissance en Europe et en Afrique qui probablement fera la différence. Dans le pays voisin, l’Algérie, le duel oppose les banques étrangères et les banques publiques, en attendant la renaissance des banques privées et la cession en cours d’une part des actifs du Crédit populaire d’Algérie (15 % du marché national). En Tunisie, c’est un sujet tabou qui est mis en exergue : l’endettement des ménages, qui semble atteindre des limites intenables (4 milliards de dollars, deux fois plus qu’en 2003).
Le lecteur est appelé ensuite à « voyager », notamment au Nigeria (pour assister à la consolidation du secteur bancaire), en Libye (l’heure est à la privatisation) et en Afrique de l’Ouest où le nombre de banques progresse plus vite que celui des clients (un investissement dans le futur ?).
Les sujets transversaux ne manquent pas pour autant : crédits aux PME et financement des campagnes agricoles, finance islamique, fonds d’investissement, assurance, Bourses des valeurs mobilières. Les problèmes de management et des métiers ne sont pas oubliés non plus.
Un seul souhait : dans les prochaines éditions du hors-série, le lecteur aimerait trouver plus de banques et plus de comparaisons avec les éditions passées (par pays et par banque) et plus de données agrégées pour les pays couverts (ils sont 38 cette année), et pas seulement pour le Top 10 et le Top 50. Exemples : combien de banques par pays ? Quel est le poids de chaque pays dans le total du bilan et dans le chiffre d’affaires ? Autant de réponses qui permettraient de mieux mesurer le rôle des banques dans chacun des pays.
