Tous vos désirs seront exaucés…

Coupé-cabriolet, tout-terrain pour la ville, familiale au tempérament sportif ou break qui ne transporte pas grand-chose… Il existe une clientèle pour tous les genres, même les plus improbables.

Publié le 19 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Jadis, l’univers automobile était simple et bien rangé. D’une part, les berlines, qui représentaient 90 % du parc avec leur ligne en trois volumes : un pour le compartiment moteur, un pour l’habitacle, et le troisième pour la malle arrière. De l’autre, les coupés et les cabriolets, dits voitures de fantaisie. Puis les véhicules utilitaires, répartis en trois catégories : camionnettes, breaks et 4×4. Cette sectorisation a subi un premier coup de canif en 1966, avec l’apparition de la Renault 16 et son hayon arrière. Ce n’était rien comparé au vent fripon qui a balayé la classification automobile à partir des années 1980 : le mélange des genres, baptisé crossover par les Anglo-Saxons. Les segments se croisent, s’interpénètrent et ne cessent de donner vie à de nouvelles espèces.
La révolution est venue par l’Espace, de Renault, en 1984 : une position de conduite élevée, un seul trait de crayon de la proue à la poupe et un habitacle modulable. Les monospaces étaient nés. De grande taille d’abord pour répondre aux besoins des familles nombreuses. Puis plus petits, jusqu’aux monospaces urbains, comme le Renault Modus ou le Peugeot 1007. Il n’est désormais plus aucune entrave à l’imagination des stylistes. Les 4×4 ont quitté pistes et chemins. Ils sont devenus routiers (Mercedes Classe M, BMW X5), voire citadins, comme le Toyota Rav4. Les breaks ne battent plus des records de chargement. Ils se sont affinés, au point que le volume de coffre d’une Alfa Romeo 156 SW ou d’une BMW Série 3 Touring est inférieur à celui de la berline dont elles dérivent… Et ont raccourci, pour se faufiler en ville : 4,02 m pour la 206 SW.
Les camionnettes s’appellent désormais « ludospaces », changement sémantique qui souligne leur vocation ludique. Formes rondes et larges baies vitrées, ils plaisent aux familles qui trouvent dans un Renault Kangoo ou un Citroën Berlingo une alternative aux coûteux monospaces compacts. Les cabriolets ont gagné un toit rigide qui se range dans le coffre sans autre intervention manuelle qu’une impulsion sur une commande électrique. Le succès des CC (cabriolets aux beaux jours, coupés le reste du temps) est tel que les capotes en toile sont en voie de disparition. Les berlines traditionnelles n’ont pas été épargnées. Il est aujourd’hui des coupés 4 portes, à la fois racés et familiaux, comme la Mercedes CLS. À l’inverse, nombre de berlines ont cédé à la mode de l’habitacle haut perché et pris de l’altitude : la Peugeot 307 affiche 1,51 m sous la toise, et la Renault Vel Satis 1,58 m. La Mercedes Classe R échappe à toute classification : 1,66 m de haut, transmission intégrale, trois rangées de sièges et hauteur de coffre d’un break.
Cette hybridation du genre automobile a été rendue possible par la politique des plates-formes, menée par les constructeurs depuis les années 1980. Sans que le public s’en aperçoive, plusieurs véhicules de la gamme d’un constructeur partagent les mêmes organes techniques : moteurs, boîtes, suspensions, trains, châssis… Dès lors, le coût de création d’un nouveau modèle se trouve réduit à des études de design et des éléments de carrosserie. D’où une diversification de l’offre, qui sied aux goûts du public. Car l’acheteur attend désormais d’une automobile qu’elle soit multiusage. Qu’un cabriolet se recouvre d’un toit rigide. Qu’un 4×4 ait la modularité d’un monospace, le volume de chargement d’un break, les qualités routières d’une berline. Et, éventuellement, une garde au sol qui permet de quitter l’asphalte pour emprunter les chemins de traverse. Il existe une clientèle pour tous les genres, mêmes les plus improbables. Comme un monospace à tempérament sportif, deux valeurs a priori contradictoires ? Les concurrents de Seat ont beaucoup ri au lancement de l’Altea, sorte de monospace en survêtement. Aujourd’hui, lorsqu’ils regardent les chiffres de vente de l’Altea, ils ne ricanent plus…

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