Total l’africain

Dopé par l’envolée du baril, le groupe français n’en finit plus d’investir dans la recherche et le développement. Et de renforcer ses positions aux quatre coins du monde, notamment sur le continent.

Publié le 19 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

La flambée des cours du pétrole ne fait pas que des malheureux. Thierry Desmarest, le PDG de Total, a annoncé, le 5 septembre, des résultats faramineux pour le premier semestre 2005 : 6,5 milliards d’euros de bénéfices, soit 44 % de mieux que l’année dernière. De quoi pulvériser, sur l’année, le record de 2004 : 9,6 milliards d’euros dégagés sur un chiffre d’affaires de 122,7 milliards.
Fort de ses excellentes perspectives, le groupe français n’en finit plus d’investir dans la recherche et le développement, dont le budget est passé de 800 millions à 900 millions de dollars par an. Les responsables de la compagnie misent sur une augmentation de la production d’hydrocarbures de 4 % par an jusqu’en 2010 pour atteindre près de 3 500 000 barils équivalent pétrole (bep) à cette date, contre un peu plus de 2 500 000 actuellement. L’Afrique se trouve au coeur de la stratégie de développement du groupe. Plus un mois ne se passe sans que Total n’annonce le renforcement de ses positions sur le continent. Dernière communication en date : la signature, le 5 septembre, d’un accord pour l’achat de 500 stations-service détenues par l’américain ExxonMobil dans quatorze pays d’Afrique, particulièrement à l’Est. Le groupe de Thierry Desmarest va aussi mettre la main sur vingt-neuf terminaux et dépôts. L’opération concerne les pays suivants : Tchad, Djibouti, Éthiopie, Érythrée, Ghana, Guinée, Liberia, Malawi, Maurice, Mozambique, Sierra Leone, Togo, Zambie et Zimbabwe. Avant ce rachat, les activités raffinage du groupe concernaient plus de quarante pays africains et comprenaient une participation dans sept raffineries, un réseau d’environ 3 300 stations-service ainsi que la vente de produits pétroliers tels que les lubrifiants, les carburants aviation et le gaz de pétrole liquéfié (GPL). Avec cette acquisition, les parts de marché de Total dans la distribution en Afrique passeront de 9,7 % à 10,8 %. Ce qui devrait lui permettre de détrôner Shell, à ce jour premier distributeur du continent.
Le groupe a également prévu de doubler sa production en République du Congo. Le lancement, fin août, du projet Moho-Bilondo, situé à environ 80 kilomètres des côtes par des profondeurs comprises entre 600 et 900 mètres, devrait permettre d’extraire 90 000 barils par jour (b/j) à partir de 2008. « La phase de développement prévoit la mise en place de douze puits sous-marins, dont sept puits producteurs et cinq puits injecteurs d’eau », précise la compagnie. La production sera évacuée sur le terminal de Djéno. Au Congo, Total est le premier investisseur étranger et le principal producteur de pétrole, opérant environ 57 % de la production congolaise.
Au Nigeria, la compagnie a réalisé de nouvelles découvertes en juillet qui lui permettront d’augmenter les extractions. Sa filiale nigériane, Elf Petroleum Nigeria Ltd. (EPNL), a foré avec succès deux puits « test » sur le site d’Usan, en mer profonde (licence de prospection OPL 222). Le gisement d’Usan, découvert en 2002, est situé à 110 kilomètres des côtes au sud-est du pays, par des profondeurs d’environ 800 mètres. Cette année, les puits Usan 7 et 8 confirment l’extension à l’est du gisement. Le plan de développement prévoit le forage de trente-cinq puits reliés par des conduites sous-marines à un bateau de production et de stockage (FPSO) d’une capacité de 2 millions de barils. La capacité de traitement est d’environ 150 000 b/j. La mise en production est prévue d’ici à 2010. Total est présent au Nigeria depuis 1962. Sa quote-part de production s’est élevée à 271 000 bep en 2004. Le groupe mise, par ailleurs, sur l’exploitation du gisement en eaux profondes d’Akpo, dont l’entrée en production est prévue à la fin de 2008 à un rythme de 225 000 bep par jour. Total détient enfin un intérêt de 15 % dans l’usine de liquéfaction de gaz de Bonny.
Un peu plus au sud, l’opérateur français poursuit un important programme de développement en Angola. Présent à terre, en offshore profond et ultraprofond, Total exploite notamment le bloc 17 sur lequel les champs de Dalia et Rosa sont en cours d’exploitation. Total a produit 164 000 bep par jour en 2004 dans le pays. En juin dernier, la Sociedade Nacional de Combustíveis de Angola (Sonangol EP) et Total ont annoncé une nouvelle découverte de pétrole dans l’offshore très profond. Le puits Gengibre-1, foré par une profondeur de 1 703 mètres sur le bloc 32, a produit en test un débit de 4 724 b/j à partir d’un seul réservoir. Des études complémentaires de géologie et d’ingénierie sont en cours afin d’évaluer le potentiel de production. Avec tous ces projets, Total ne semble pas près de perdre son rang de premier producteur en Afrique, avec 813 000 bep par jour en 2004.

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