Qui sont les musulmans américains ?

Alors que la plupart des fidèles de l’islam ne sont pas arabes, ces derniers sont dans leur grande majorité catholiques, orthodoxes, protestants….

Publié le 19 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Cessons de confondre les Arabes-Américains et les musulmans américains ! La plupart des premiers ne sont pas musulmans et la plupart des seconds ne sont pas des Arabes. En 2000, 1,2 million d’Américains d’origine arabe ont été recensés. Or, selon une étude de l’Arab American Institute, seuls 24 % d’entre eux sont de confession musulmane. Les autres sont, pour l’essentiel, catholiques, orthodoxes ou protestants.
Ils ont par ailleurs brillamment réussi, comme le prouve le montant de leur revenu moyen (52 000 dollars), supérieur à la moyenne nationale. De même, le pourcentage des mariages mixtes est étonnamment élevé parmi eux (75 %), ce qui montre que leur intégration au grand melting-pot américain est en bonne voie.
On en sait beaucoup moins sur les musulmans américains. Une étude menée en 2004 par Zogby International montre qu’environ un tiers d’entre eux sont originaires d’Asie du Sud, que 26 % sont des Arabes et 20 % des Noirs américains. Mais, jusqu’en 2001, personne ne savait combien de musulmans vivaient aux États-Unis. Les principaux lobbies musulmans estiment leur nombre à plus de 6 millions, mais ce chiffre est sujet à caution : il traduit sans doute la volonté de les faire paraître plus nombreux que les juifs. En réalité, toutes les études indépendantes semblent indiquer qu’ils sont moins de 3 millions. La plus sérieuse menée à ce jour (à l’université de Chicago) avance le chiffre de 1,9 million.
Quoi qu’il en soit, il est clair que, comme les Arabes-Américains, les musulmans américains se débrouillent très bien aux États-Unis. L’étude de Zogby International révèle qu’au moins 59 % d’entre eux ont fait, au minimum, des études secondaires. Ils forment la communauté qui a le meilleur niveau d’éducation du pays. De toutes les communautés musulmanes du monde, c’est la plus riche, puisque les quatre cinquièmes ont des revenus supérieurs à 25 000 dollars par an et qu’un tiers gagne plus de 75 000 dollars. Ils occupent en général des emplois qualifiés. La plupart possèdent des valeurs mobilières, soit à titre personnel, soit via des fonds de pension. 82 % sont inscrits sur les listes électorales, dont la moitié sous l’étiquette du Parti démocrate. Enfin, 65 % se disent partisans d’une baisse de l’impôt sur le revenu.
Par au moins quatre aspects, les musulmans américains se distinguent des communautés musulmanes, dans l’ensemble plutôt défavorisées et marginalisées, d’Europe.
1. L’immense majorité d’entre eux sont entrés légalement sur le territoire américain. Les autres ont été massivement expulsés après les attentats du 11 septembre 2001. Selon Ali Ahmed, de l’Institut saoudien de Washington, le nombre des clandestins ne dépasse sans doute pas quelques milliers.
2. Selon une étude de la City University de New York, 21 % des musulmans américains se marient hors de leur communauté. C’est loin du pourcentage des Arabes-Américains, mais proche de la moyenne nationale (22 %). Et comme 64 % des musulmans américains sont nés à l’étranger, ce taux a de fortes chances de croître dans la deuxième ou la troisième génération.
3. Selon l’universitaire Ishan Baghy, auteur d’une étude sur la fréquentation des mosquées à Detroit, l’âge moyen du musulman pratiquant est de 34 ans. Marié et père de famille, il est au minimum détenteur d’une licence universitaire et gagne environ 74 000 dollars par an. Le profil des Arabes américains pratiquants est donc loin de correspondre à celui des jeunes musulmans exclus et frustrés qui vivent en Europe.
4. À de rares exceptions près, les leaders de la communauté musulmane américaine ont une attitude bien plus responsable que leurs alter ego européens. Il suffit pour s’en convaincre de comparer la fermeté avec laquelle le Conseil musulman aux affaires publiques, dont le siège est à Los Angeles, a condamné le terrorisme aux déclarations pour le moins ambiguës d’un Tariq Ramadan, en France, sans parler des positions ouvertement djihadistes de certains imams, au Royaume-Uni.
Les États-Unis ont-ils un « problème musulman » ? Si les informations qui précèdent sont exactes, certainement pas. Au contraire, les musulmans américains feraient plutôt figure de modèle, à la fois en tant que citoyens américains et en tant que musulmans. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a aucun problème. Le financement de mosquées par l’Arabie saoudite en pose manifestement un, ces lieux de culte pouvant contribuer à la diffusion du très extrémiste islam wahhabite. Et puis, même si la plupart des musulmans américains ont réussi leur intégration, il reste des enclaves où vivent des immigrés pauvres et marginalisés. C’est justement dans l’une de ces enclaves, à Jersey-City, que les disciples de Cheikh Omar Abdel Rahman ont planifié les attentats à la bombe de 1993 contre le World Trade Center. De même, à Lodi, en Californie, où deux Pakistanais ont été accusés d’avoir suivi un entraînement dans des camps terroristes, 80 % des membres de la communauté pakistanaise ont une maîtrise insuffisante de l’anglais.

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