Maroc – Yassine Jamali : « Il faut réhabiliter le cheval barbe »  

Dans un ouvrage intitulé « Le Cheval barbe » (éd. Actes Sud), le vétérinaire et éleveur Yassine Jamali retrace avec acuité l’histoire de cette monture emblématique du Maghreb. Et offre une réflexion décomplexée sur l’élevage et l’utilité de ces équidés, indissociables de la culture amazighe comme de la colonisation.

Le-cheval-barbe

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CRETOIS Jules

Publié le 6 mars 2020 Lecture : 4 minutes.

L’émir Abdelkader le montait durant ses campagnes militaires. Longtemps réputé pour la guerre, du fait de son endurance et de sa « rusticité » (résistance aux aléas climatiques, besoins alimentaires modestes…), le cheval barbe a notamment été la monture des Spahis lors de la bataille d’Uskub — qui a mis fin à la guerre de 1914-1918. Emblématique du Maghreb, cette race multi-millénaire a longtemps permis aux cavaliers nord-africains de « frapper au loin », de rester insaisissables.

Mais la colonisation française puis les besoins de l’agriculture en animaux de traction sont venus briser l’entretien de la race barbe par la sélection et l’entraînement. Et les tbourida (également appelées fantasia), cérémonies équestres très prisées au Maroc, ont achevé de marginaliser ce cheval, en privilégiant les animaux d’apparat à l’allure moins « ingrate ».

« C’est vrai, ce n’est pas un Apollon, plutôt un petit bourrin », plaisante Yassine Jamali, vétérinaire et éleveur de chevaux barbes, qui vient de consacrer à l’histoire de cet équidé un livre. Sobrement intitulé Le Cheval barbe (éd. Actes Sud) et préfacé par l’écrivain Jean-Louis Gouraud, lui-même grand amoureux du barbe, cet ouvrage très fouillé (près de 130 références couvrant plusieurs siècles) revient sur l’histoire de cette race, aujourd’hui délaissée par les éleveurs au profit du pur-sang arabe ou des chevaux importés d’Europe. Et offre une réflexion d’une grande lucidité, sans amertume ni clichés, sur l’élevage et l’utilisation de cet équidé.

« Le cheval barbe est très sportif, résistant, très endurant et très maniable. Ce qui en fait une monture de grande qualité », souligne ce passionné, qui a consacré sa thèse de fin d’études à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat à la reproduction équestre.

L’homme, qui a passé une grande partie de sa jeunesse dans la ferme familiale dans le Tadla, au piémont du Moyen-Atlas — où, jusqu’à la fin des années 1970, on pouvait encore croiser d’authentiques chevaux barbes —, aimerait que cette race soit réhabilitée.

Bien que sa démarche se heurte parfois à des incompréhensions, Yassine Jamali a aussi de quoi espérer : un attrait important pour la chose équine au Maroc, dont témoigne l’important salon annuel à El Jadida, des infrastructures déjà existantes et un intérêt au plus haut niveau de l’État.

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