Tunisie : des cours d’éducation sexuelle à l’école pour lutter contre les abus

Viols, attouchements, harcèlement… face à la recrudescence de cas de violences en milieu scolaire, l’association tunisienne pour la santé et la reproduction se mobilise pour la mise en place de cours d’éducation sexuelle à l’école. Une initiative gelée depuis plusieurs mois, suite aux changements de gouvernement.

Une enseignante et ses élèves dans une école à Djerba, en Tunisie. © Heidi Levine/SIPA

Une enseignante et ses élèves dans une école à Djerba, en Tunisie. © Heidi Levine/SIPA

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Publié le 10 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

« Les situations de violences sexuelles les plus graves se déroulent en majorité en dehors des établissements scolaires, mais ils prennent racine dans les abus de pouvoir de personnel encadrant », explique un responsable du ministère. Viols, attouchements, harcèlement… de janvier à mai 2019, l’Éducation nationale recense pas moins de 135 cas au primaire, incluant l’affaire de Sfax — qui a fait 80 victimes. Soit au moins huit fois plus qu’en 2015, où 16 cas avaient été recensés.

En mars 2019, à la suite de plusieurs scandales d’abus pédophiles, survenus dans une école de Sfax (Sahel), et dans un msjid coranique de Regueb (dans l’intérieur du pays), le ministre de de l’Education nationale de l’époque, Hatem Ben Salem, annonce la création de cours portant sur la sexualité.

Comment se protéger 

Pensés pour lutter contre les abus sexuels et le harcèlement, ces cours d’éducation sexuelle — qui seraient délayés au sein de matières déjà inscrites dans les cursus (sciences et vie, arabe, français, etc.) — font polémique, les plus conservateurs y voyant une incitation à la débauche.

L’apprentissage de la sexualité se fait via les réseaux sociaux ou la rue. Or les enfants et adolescents ont besoin de repères

« Il ne s’agit pas d’apprendre comment pratiquer une activité sexuelle mais comment se protéger des abus, car le manque d’éducation pousse aux violences sexuelles », explique Yamina Zoghlami, députée du parti à référentiel islamique Ennahdha. Cette enseignante de formation estime que « les enfants et adolescents ont besoin de repères et d’interlocuteurs », et déplore que « l’apprentissage de la sexualité se fasse hors cadre, via les réseaux sociaux ou la rue, et que ces sujets ne soient pas discutés au sein des familles ». Un débat que l’élue d’Ennahdha avait lancé dès 2018, en lançant aux députés de l’Assemblée nationale : « Nous devons ancrer la culture sexuelle auprès des enfants. Cessons de parler de halal et haram et apprenons à l’enfant à se familiariser avec son corps ! », avait-t-elle alors déclaré.

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