Paradoxes de l’après-Saddam

Les conditions de vie économiques et sociales s’améliorent, alors que l’insécurité augmente…

Publié le 19 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

La situation de l’Irak est-elle meilleure aujourd’hui que sous le règne de Saddam Hussein ? Deux chercheurs américains de l’Institut Brookings, Michael O’Hanlon et Nina Kamp, ont suivi l’évolution d’une trentaine d’indicateurs. Ils en tirent un tableau à la fois instructif et contrasté, qui révèle un paradoxe : l’insécurité augmente alors que les conditions de vie économiques et sociales s’améliorent… lentement.
Sur le plan militaire, tout montre que la situation ne fait qu’empirer. Si l’effectif des troupes américaines et alliées reste stable (162 000 en août 2005, contre 161 000 en août 2003), le nombre des insurgés aurait été multiplié par six dans le camp irakien (de 3 000 à 18 000) et par neuf côté « djihadistes arabes » (de 100 à 900). Ce qui expliquerait l’augmentation constante du nombre de victimes militaires et civiles. Le bilan passe de 36 en août 2003 à 90 en août 2005 pour les seules troupes américaines, pour un total de 1 897 tués au 13 septembre. Celui des forces de sécurité irakiennes s’alourdit de 50 à 280 (3 123 pertes cumulées au 13 septembre).
Les installations pétrolières, beaucoup mieux protégées, ne constituent plus, apparemment, la cible prioritaire des combattants : les attaques ont chuté de 21 en août 2004 à 9 en août 2005. Résultat tangible : la production pétrolière atteint 2,2 millions de barils par jour en moyenne, un niveau proche de celui d’avant-guerre.
Quant à l’économie, elle a pu se diversifier : la part du pétrole dans le Produit intérieur brut a été ramenée à 56 % en 2005, contre 83 % en 2003, au profit des autres secteurs économiques, qui progressent de 17 % à 44 % (de 2 à 10,9 milliards de dollars).
Cette amélioration s’accompagne de nombreuses créations d’emplois. Cependant, le taux de chômage demeure élevé par rapport aux normes ordinaires : il est actuellement de 33 %, contre 55 % en 2003. D’autres progrès ont été enregistrés, notamment dans l’espace des médias, des libertés et des commodités modernes. L’Irak compte aujourd’hui 29 chaînes de télévision privées – un record dans le monde arabe et 4,2 millions d’abonnés au téléphone, soit cinq fois plus qu’en 2003. Malgré tout, un Irakien sur deux estime que son pays n’évolue pas dans la « bonne » direction et ne fait pas confiance au gouvernement actuel…

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