L’immobilisme au pouvoir

Après la réélection, le 11 septembre, du président Hosni Moubarak, quel est le bilan politique et économique des vingt-quatre années qu’il a déjà passées à la tête de l’État ?

Publié le 19 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

A la prochaine élection présidentielle, prévue en 2011, l’Égypte aura été gouvernée – à supposer que l’actuel chef de l’État ne brigue pas, à 83 ans, un sixième mandat -, pendant cinquante-neuf ans, par quatre hommes issus de l’armée : Mohamed Néguib de 1952 à 1954, Gamal Abdel Nasser de 1954 à 1970, Anouar el-Sadate de 1970 à 1981, et Hosni Moubarak de 1981 à 2011. C’en est presque choquant pour un peuple qui a entamé son processus de modernisation politique durant la première moitié du xixe siècle, presque à la même période que le Japon des Meiji, mais bien avant de nombreux États aujourd’hui démocratiques, qui a instauré le multipartisme au début du XXe avec la création du parti nationaliste Wafd en 1919, et qui possède l’une des élites intellectuelles les plus brillantes du monde arabe.
Moubarak, 77 ans, a donc été réélu pour un cinquième mandat de six ans, à l’issue de la première présidentielle multipartite du pays, organisée le 7 septembre. Avec un score avoisinant 89 % des voix, il a largement devancé ses deux principaux rivaux, le bouillant Ayman Nour, 40 ans, chef du parti Al-Ghad (Demain), et le sobre Noaman Gomaa, leader d’Al-Wafd, 75 ans, qui ont recueilli respectivement 7,6 % et 2,9 % des suffrages. Les sept autres candidats, qui faisaient de la figuration, ont dû se partager les poussières restantes.
Cette réélection n’aurait pas suscité de réserves si les opérations de vote n’avaient pas été entachées d’irrégularités. Elle aurait eu aussi plus de légitimité si le taux de participation n’avait pas été aussi faible : 23 %, selon les estimations officielles, et seulement 18 %, selon celles du centre Ibn-Khaldoun, dirigé par le militant des droits de l’homme Saad Eddine Ibrahim. En ne cherchant pas, cette fois, à gonfler le taux de participation, les autorités ont-elles voulu signifier que la multiplicité des candidatures n’a pas provoqué un afflux dans les bureaux de vote ? Cette abstention massive prouve en tout cas que les Égyptiens n’ont eu aucune illusion sur la « révolution démocratique » promise par le vieux général qui accapare le pouvoir depuis un quart de siècle, et qui ne semble pas encore près de le lâcher.

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