Le coronavirus brise l’élan asiatique des compagnies aériennes africaines

Alors que les liaisons entre le continent et l’Asie ont crû de 5 % en 2019 – plus que la moyenne mondiale -, les transporteurs africains craignent un manque à gagner de plus de 400 millions de dollars du seul fait de l’arrêt des dessertes vers la Chine.

Un  Boeing 787 Dreamliner de Kenya Airways à l’aéroport de Nairobi. © Sayyid Abdul Azim/AP/SIPA

Un Boeing 787 Dreamliner de Kenya Airways à l’aéroport de Nairobi. © Sayyid Abdul Azim/AP/SIPA

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Publié le 6 mars 2020 Lecture : 2 minutes.

Selon Raphaël Kuuchi, vice-président Afrique de l’Association internationale du transport aérien (Iata), « les premières estimations indiquent que 400 millions de dollars pourraient être perdus » par les compagnies aériennes du continent, sur la base des données arrêtés « la deuxième semaine de février » et du seul fait des annulations de dessertes vers la Chine. Ces données ont été rendues publiques durant le sommet Aviation Africa, organisé les 4 et 5 mars à Addis-Abeba.

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L’épidémie du coronavirus a contraint la quasi-totalité des compagnies aériennes africaines – à l’exception d’Ethiopian Airlines – à arrêter la desserte de l’empire du Milieu. À l’échelle mondiale, la Iata évoque une perte de chiffre d’affaires pouvant aller de 63 milliards de dollars, en cas de pandémie limitée principalement à l’Asie avec une reprise pour la saison estivale dans les autres régions, à 113 milliards de dollars, pour un scénario n’épargnant aucune destination.

Un axe Afrique-Asie qui progressait y compris dans le fret

Pour les compagnies africaines, cette crise intervient alors même que l’interconnexion aérienne des marchés africains et asiatique a enregistré une forte croissance ces dernières années. Selon une étude de l’association publiée à la fin février, « le marché Afrique-Asie a connu la plus forte croissance en 2019 (+ 5 %), dans un contexte de relations commerciales solides entre les deux régions. Cependant, le rythme était bien inférieur à celui de 2018 (9,4 %) ». Cette progression du nombre de passagers-kilomètres payants, indicateur phare de l’industrie, est supérieure à la croissance mondiale (+ 4,2 %) enregistrée l’an dernier et à celle des liaisons entre l’Europe et le continent, tandis que sur les liaisons Afrique-Moyen-Orient, le trafic est plutôt en déclin, avec une baisse de 1,7 % en 2019.

Le rapport de la Iata note également que les compagnies africaines ont affiché « le taux de remplissage annuel le plus élevé de l’histoire de notre série chronologique (71,7 %) ». La bonne santé de l’axe Afrique-Asie en 2019 s’est également reflété dans le transport de marchandises. « Les tonnes-kilomètres de fret (FTK) des compagnies aériennes africaines ont connu une forte croissance de 7,4 % en 2019, contre – 0,3 % en 2018. Cette amélioration est due à la forte croissance des capacités et aux liens d’investissement avec l’Asie. En effet, les liaisons Afrique-Asie ont enregistré une croissance à deux chiffres des FTK l’année dernière (12,4 %) », rappellent les experts de la Iata.

Marges en recul

Il faut toutefois noter qu’avant même l’impact du coronavirus, tous les indicateurs n’étaient pas au vert dans le ciel africain. Malgré la progression des passagers-kilomètres payants en Afrique l’an dernier, les revenus en dollars par passager sont en recul sur l’ensemble des liaisons du continent, dans un contexte de concurrence exacerbée. Le recul le plus marqué concerne les connexions intra-africaines (- 8,7 %). Il est de – 7 % pour celles entre l’Europe et l’Afrique, de – 5 % pour ce qui concerne le Moyen-Orient et – 3,1 % pour l’Amérique du Nord. Sans surprise, cela a affecté les marges des opérateurs, estimées en recul de -4 % l’an dernier, contre -3,4 % en 2018.

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L’industrie maintient cependant, en Afrique, son appétit pour l’acquisition de nouveaux avions : avec 40 livraisons en 2019, dont 17 appareils monocouloirs. En 2020, 28 appareils de ce types devraient être livrés aux opérateurs africains, contre 5 gros porteurs.

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