L’Afrique gay en débat

Notre enquête sur l’homosexualité au nord et au sud du Sahara a suscité un vif intérêt. Et des réactions pour le moins contrastées.

Publié le 19 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Sans provocation
Merci d’avoir parlé d’un sujet aussi brûlant et d’actualité que la vie gay en Afrique. Vous l’avez fait d’une façon juste et sans parti pris, ce qui n’est pas facile. Mais vous occultez le fait que nous, gays afro, ne facilitons pas la tâche aux hétéros, avec nos attitudes provocantes et déplacées. Nous ne devons pas oublier que nous sommes, avant tout, issus de sociétés africaines dotées d’éthiques et de valeurs à respecter et à pérenniser, même dans notre différence.

La faute aux Blancs ?
Je vous remercie pour le courage dont vous avez fait preuve en mettant en une un sujet qui, malheureusement, est encore tabou ici, en Afrique. Je suis un jeune Gabonais de 35 ans, homosexuel. J’ose espérer que, vu la renommée de votre journal, ces hétéros qui nous insultent vont prendre conscience que nous sommes des êtres humains.
Toutefois, vous montrez deux hommes qui s’enlacent, l’un noir, l’autre blanc. Les homophobes pourront dire, par conséquent, que « ce sont les Blancs qui nous ont amené
l’homosexualité », ce qui est archifaux.

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Le courage de le dire
Je voudrais saluer le courage que vous avez eu de publier un document sur l’homosexualité et, qui plus est, d’en avoir fait votre une. S’il n’aura probablement que peu d’effet sur l’état d’esprit des Africains, il n’en sera peut-être pas de même au sommet des États. Les dirigeants qui lisent J.A./l’intelligent pourraient peut-être reconsidérer leur position (radicale) sur le sujet.
Cela dit, je vois mal le président sénégalais, qui prend souvent conseil auprès de ses marabouts, demander à son gouvernement d’élaborer un projet de loi légalisant l’homosexualité. Cela ne serait pourtant que la reconnaissance d’un état de fait : si la loi était appliquée, il faudrait doubler les capacités de la prison de Reubeuss.
S’il n’y a rien à redire sur le fond de l’article, que j’ai trouvé très juste et pertinent, je regrette que les photos ne montrent que des cas marginaux : travesti en Afrique du Sud, homos en cage en Égypte, couple vu de dos. Pourquoi pas une image de deux Africains qui sortent ensemble ?
Commentaire : Ce sujet, souvent tabou, était difficile à illustrer pour de multiples raisons, certaines liées au droit à l’image. Nous avons donc choisi la sobriété.

Une maladie à faire soigner
L’homosexualité est un comportement antinaturel, donc illégal. Les homosexuels doivent
bénéficier d’une prise en charge de leur maladie : diagnostic sur l’origine de leur état,
suivi d’une psychothérapie par un thérapeute, voire un psychiatre, pour aboutir à la guérison, donc à l’adoption d’un comportement normal. Il faudrait sanctionner les délinquants sexuels et ceux qui refusent de se faire soigner. Mais le plus important dans la guerre contre l’homosexualité c’est le recensement de ses causes pour pouvoir la prévenir. Au Maghreb, ce sont : le fait d’être chouchouté par les femmes depuis la petite enfance, le mariage tardif, la vie dans des milieux exclusivement masculins, la solitude affective qui condamne à l’onanisme et à l’impuissance sexuelle.
Commentaire : Ces propos, évidemment, n’engagent que vous.

Pas d’accord,mais
À la suite de votre article sur la peine de mort pour homosexualité (voir J.A.I. n° 2331), je voudrais dire que le recours à ce châtiment, au XXIe siècle, me semble relever
d’une barbarie qui ne dit pas son nom. Même si, personnellement, je considère certaines pratiques sexuelles comme des déviations, je pense que supprimer une vie est un crime et une perte pour l’humanité.
S’il apprenait cela, Victor Hugo se retournerait dans sa tombe Deux siècles avant nous, ce grand esprit écrivait déjà de vibrants plaidoyers pour l’abolition de la peine de
mort. Peu importe la gravité de l’acte commis par un individu, la société ne doit pas punir pour se venger, elle doit plutôt corriger pour améliorer. Punir est du domaine de Dieu.

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