Fathallah Sijilmassi

Ambassadeur du Maroc en France

Publié le 19 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Il n’a que 39 ans et déjà une longue carrière derrière lui. Pour autant, il ne se repose pas sur ses lauriers Depuis qu’il a présenté ses lettres de créance au président Jacques Chirac, en janvier 2005, Fathallah Sijilmassi, le nouvel ambassadeur du Maroc en France, s’est pleinement investi dans sa mission.
La République française étant à la fois le premier partenaire économique du royaume chérifien et la première terre d’accueil de son émigration, la représentation diplomatique à Paris revêt une importance particulière. On peut donc s’étonner de la voir dirigée par un homme aussi jeune, alors que ses prédécesseurs, Mohamed Berrada et Hassan Abouyoub, avaient pour eux l’âge et l’expérience : ils avaient été respectivement ministre des Finances et ministre du Commerce extérieur avant leur nomination dans la capitale.

Né à Rabat en 1966 un 21 août, comme le roi Mohammed VI , Fathallah Sijilmassi grandit à l’étranger (Russie, Algérie, Danemark…) où il fréquente les bancs des lycées français de la Mission. L’itinéraire classique d’un enfant à la vocation prédestinée, puisque son père était lui-même ambassadeur. Polyglotte il parle couramment anglais, arabe, français et italien , diplômé de l’Institut d’études politiques de Grenoble et titulaire d’un doctorat en économie, il entame sa carrière en 1989 au sein de la Banque commerciale du Maroc (BCM).
C’est en 1992 que s’opère un tournant de carrière plutôt insolite : Sijilmassi passe du privé au public en entrant au ministère du Commerce extérieur avant de rejoindre, de 2000 à 2003, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération où il occupe la fonction de directeur des affaires européennes. Il participe notamment aux négociations sur les accords de pêche entre l’Espagne et le Maroc. Une expérience qui l’a rompu aux dossiers sensibles et complexes, et, surtout, dont il est sorti « politisé ». Ses premières armes dans la diplomatie pure se feront à Bruxelles où il est nommé ambassadeur auprès de l’Union européenne, en décembre 2003. Poste qu’il occupera pendant une année, le temps pour lui de faire ses preuves et d’être promu à Paris.
L’ambassadeur incarne cette nouvelle génération de diplomates et de ministres quadragénaires, technocrates et modernes, dont l’arrivée souligne la volonté du roi Mohammed VI de rajeunir la classe politique tout en réformant les institutions. Le 13 septembre, devant les journalistes de J.A.I. qui l’interrogent sur la démocratie, la pauvreté ou sur le Sahara, il répond en homme rationnel et pragmatique. Verra-t-on les islamistes arriver en nombre au gouvernement après les élections de 2007 ? Fathallah Sijilmassi estime ce scénario improbable, mais défend le principe de la liberté d’expression.
Autre question : l’intégration de la communauté marocaine en France. « Je suis déterminé à mettre en avant ces Marocains, nombreux, qui réussissent dans ce pays. Ils portent les valeurs de la double identité franco-marocaine », déclare-t-il. Il est vrai que, depuis son arrivée à Paris, les portes de l’ambassade sont ouvertes à tous. Dans la logique de cette politique de proximité, l’ambassadeur se déplace en province tous les mois pour rencontrer ses compatriotes. Le 31 mai dernier, il se rendait en urgence à Perpignan après l’assassinat d’un jeune ressortissant, victime d’une guerre de gangs entre Gitans et Marocains.

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Rue Le Tasse, près du Trocadéro, des rencontres intitulées « Les mercredis de l’ambassade » sont organisées par Lamia Radi, chargée du service culturel, pour promouvoir la culture et les arts marocains. Sous ses lambris dorés et ses moulures haussmanniennes, l’ambassade accueille des expositions, des projections de films, des présentations de livres ou des conférences-débats, le tout en présence du public le plus divers.
Fathallah Sijilmassi a introduit une rupture dans la continuité : le personnel de l’ambassade est resté pour l’essentiel inchangé après le départ d’Hassan Abouyoub les deux hommes ont d’ailleurs travaillé ensemble au ministère du Commerce extérieur et sont restés amis depuis , mais il a renforcé et structuré ses équipes tout en responsabilisant ses collaborateurs. Sa devise pourrait être ainsi formulée : « dialogue, transparence et ouverture ».

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