Crise anglophone au Cameroun : le gouvernement en guerre contre les ONG

Au-delà du conflit armé qu’il mène contre les séparatistes anglophones, le gouvernement camerounais livre une bataille contre les ONG qu’il accuse de vouloir « déstabiliser le Cameroun » et de faire le jeu des sécessionnistes.

La commune de Bamenda, le chef-lieu de la région du Nord-Ouest du Cameroun. © Njeimosestimah – Wikimedia Commons

La commune de Bamenda, le chef-lieu de la région du Nord-Ouest du Cameroun. © Njeimosestimah – Wikimedia Commons

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 12 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

Dans une salle de conférence exiguë et surchauffée, les journalistes prennent leur mal en patience. En cette mi-journée du 9 mars, tous attendent un point de presse de Paul Atanga Nji, le ministre camerounais de l’Administration territoriale. Le locataire des lieux n’est certes pas réputé pour sa ponctualité, mais ses sorties, souvent controversées, en intéressent plus d’un. «»

Celle-ci ne dérogera pas à la règle. Après près de deux heures d’attente, celui qui assure par ailleurs les fonctions de secrétaire permanent du Conseil national de sécurité se pointe, l’air grave. Au cours de son allocution, Paul Atanga Nji ne prend pas de raccourcis : « De nombreuses ONG aux ordres des ennemis de notre pays véhiculent régulièrement des informations erronées sur la gestion de la crise par le gouvernement dans les régions [du Nord-Ouest et du Sud-Ouest] », lance le ministre, donnant ainsi le ton de son propos. « Ces ONG ont reçu cinq milliards de francs CFA de la part de réseaux occultes pour déstabiliser le Cameroun », poursuit-il, en citant Amnesty international, International Crisis Group, le Rhedac, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), ou encore Human Right Watch.

Les récriminations du gouvernement vis-à-vis des organisations de défenses des droits de l’homme opérant au Cameroun sont fréquentes. Mais la sortie du ministre Paul Atanga Nji a rapidement provoqué un tollé en raison des menaces proférées contre des médias camerounais qu’il accuse de « connivence » avec les ONG qui, selon lui, « sont dans un vaste complot contre le Cameroun ».

 Guerre de propagande

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