Les coudées franches

Publié le 19 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

De retour d’Addis-Abeba, où il assistait au IIIe Sommet de l’Union africaine (6-8 juillet), Abdelaziz Bouteflika a rappelé à l’ordre ses ministres. Le message fut clair : « On se retrousse les manches et au boulot ! » Le chef de l’État sait bien que les attentes de la population algérienne sont nombreuses, particulièrement chez les jeunes, qui représentent l’écrasante majorité de la population. D’ailleurs, c’est en partie grâce à eux qu’il a été réélu le 8 avril dernier avec 85 % des voix. Et il sait pertinemment que ce n’est pas un blanc-seing que les Algériens lui ont délivré. Le plébiscite qui l’a reconduit dans ses fonctions ressemble plutôt à un vibrant appel au secours. Lutte contre la pauvreté et le terrorisme, emploi, logement, éducation, eau, infrastructures, place de la femme dans la société, jeunesse déboussolée… La liste des problèmes à régler et des aspirations à prendre en compte est longue.

Boutef, comme l’appellent les Algériens, a consacré l’essentiel de son premier mandat (1999-2004) à restaurer la paix et à redorer l’image du pays, particulièrement ternie au cours de la « décennie noire ». Mission dont il s’est (à peu près) acquitté. Son deuxième mandat, qui court jusqu’en 2009, doit être celui de la « réconciliation nationale » et du redressement économique. Pour atteindre ces objectifs, il dispose sans doute de plus de moyens qu’aucun autre président avant lui : jamais l’économie nationale ne s’est portée aussi bien, grâce essentiellement à l’envolée des cours du pétrole – ce qui pose tout de même le problème de la diversification des activités -, et il a aujourd’hui les coudées franches. Le Parlement est acquis à sa cause, le Front de libération nationale (FLN) est rentré dans le rang, les chancelleries étrangères le soutiennent et l’armée est devenue moins influente. Le « pouvoir », autrefois décrié, n’a donc plus d’excuses…

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Réflexe hérité des années Boumedienne et de la période socialiste, les Algériens attendent cependant encore beaucoup (trop ?) de l’État. Eux-mêmes devront assumer leur part du gigantesque chantier qui attend le pays. La société civile devra participer, proposer, orienter et, surtout, exiger. Car, au cours de son histoire, le pays n’a jamais autant avancé que lorsqu’il y était contraint. Alors qu’elle s’apprête à fêter le quarante-deuxième anniversaire de son indépendance, l’Algérie est à la croisée des chemins. Gageons qu’elle empruntera le bon.

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